2020, année charnière pour le don de produits
02/04/2021
Il y aura probablement un avant et un après 2020 dans de nombreux domaines, et certainement en matière de solidarité des entreprises. L’année a été marquée par l’ampleur des actions réalisées et par les nouvelles démarches solidaires engagées en pleine crise par les marques. Un nouveau souffle, pour une solidarité inédite des entreprises.
Depuis dix-sept ans, Dons solidaires collecte des produits non alimentaires de première nécessité invendus auprès des entreprises et les redistribue à des associations d’aide aux personnes en difficulté. Chez Dons solidaires, le confinement de mars 2020 a déclenché des opérations de solidarité d’une ampleur inédite : pour aider les plus démunis à respecter les gestes barrières, les structures de solidarité à rester ouvertes, et pour faire face aux besoins de nouveaux bénéficiaires. De la PME à la multinationale, la réponse des entreprises aux appels au don de produits lavants, d’entretien et de gel hydroalcoolique a été spectaculaire. Durant trois mois, Dons solidaires a reçu des centaines de palettes chaque semaine et a distribué plus de trois millions de produits à trois cent cinquante associations. Pour répondre au souhait des fabricants de soutenir le personnel soignant, Dons solidaires a reconditionné et livré cinquante palettes mixées (produits Wilkinson, Sensodyne, Head & Shoulders, Hôtel Mégastore et Shiseido) à cinquante établissements – hôpitaux et Ehpad – de la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France. Par ailleurs, Dons solidaires s’est aussi mobilisée avec ses entreprises partenaires (Bic, Stabilo, Mattel) pour soutenir les associations du secteur de l’enfance, en distribuant dès le printemps du matériel scolaire ou de loisirs créatifs et des jouets.
Le “monde d’après” de l’engagement
Ce mouvement massif de solidarité ne s’est pas limité au début de l’épidémie, puisque avec le soutien de cent quarante entreprises sur l’ensemble de l’année, Dons solidaires a redistribué deux fois plus de produits qu’en 2019, à neuf cents associations en France et pour une valeur marchande équivalente à cinquante et un millions d’euros. Pour apporter cette aide, les entreprises ont accéléré leurs dons d’invendus, donné des produits destinés à la vente, ou encore adapté leur organisation en créant un comité de dons. Dons solidaires a aussi bénéficié d’une hausse des dons financiers d’entreprises, qui ont permis de livrer gratuitement les associations au pic de la crise.
Pour les entreprises, cette année aura été l’occasion soit d’une expérience fondatrice en matière de don – avec un impact national au-delà du cercle local –, soit, pour celles engagées de longue date, de conforter leur démarche RSE et de démontrer leur capacité d’impact social.
Les entreprises n’ont évidemment pas attendu la crise pour s’engager auprès des associations. Toutefois, s’il a été beaucoup question d’un « monde d’après » pour nos modes de vie, le monde d’après de la solidarité des entreprises semble bien là, à la faveur d’une prise de conscience éclose durant cette crise sanitaire.
Attente forte devant la précarité qui monte
En France comme ailleurs, la précarité a tellement explosé (un million de personnes ont basculé dans la pauvreté) qu’il n’est plus possible de l’ignorer : aux 9,8 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté s’ajoutent de nouvelles populations touchées par la grande précarité – chômeurs, salariés au chômage partiel, étudiants... En conséquence, à la nécessaire générosité d’urgence du printemps, a succédé une attente forte d’engagement pour lutter contre cette précarité, à laquelle plus personne – grand public, entreprises, salariés et consommateurs – ne veut rester insensible, et pour laquelle les entreprises ont montré qu’elles pouvaient agir avec efficacité.
Sous des formes renouvelées, la réponse des entreprises n’a pas tardé à se manifester : en intégrant le don de produits au cœur d’opérations marketing et commerciales solidaires et inédites, au bénéfice d’une cause choisie ; dépassant ainsi le don d’invendus initié dans les politiques RSE.
Engagement volontariste aux côtés des associations
De nombreuses propositions de partenariat entre Dons solidaires et des entreprises ont vu le jour. Au second semestre, une dizaine d’opérations spéciales ont été menées avec des marques souhaitant s’engager pour une cause particulière, de manière durable. Dès la rentrée scolaire, des opérations « produits-partage » étaient en place : dans le cadre de son opération « #PrenonsSoinDesAutres » avec Nivea [1], Beiersdorf a permis de distribuer des produits d’hygiène à des familles en situation de grande précarité. Pour lutter contre la précarité de l’hygiène corporelle et domestique, Procter & Gamble a organisé pour une dizaine de marques, chez plusieurs distributeurs, une opération « un produit acheté = une contribution solidaire » pour Dons Solidaires ; le groupe a également renforcé l’engagement structurel de la marque Always pour lutter contre la précarité menstruelle, en réservant dans sa production une part pour le don de produits. Au moment des fêtes, Mars Wrigley a engagé ses marques Celebrations et M&M’s, et impliqué ses vendeurs dans l’action « Un Noël magique et solidaire » [2]. La décision de certains groupes d’affecter une part de leur production au don de produits (pour avoir la capacité de soutenir des projets indépendamment des stocks d’invendus) et le renouvellement annoncé pour 2021 d’opérations spéciales confirment le véritable engagement sociétal des entreprises, loin d’opérations ponctuelles.
Un “Vendredi vert” de la solidarité
Révélateurs de la volonté de s’engager publiquement, des partenariats se sont également multipliés entre marques et associations, sur Internet et les réseaux sociaux. Pour contribuer à l’effort environnemental, le groupe Quadripack et sa marque L’Arbre Vert ont créé « 1001 respects », invitant le grand public à poster sur les réseaux ses actions pour la planète et s’engageant à soutenir financièrement des associations, notamment Dons solidaires, au titre de la lutte contre le gaspillage. Le décalage du “Black Friday” en 2020 a aussi permis à de nombreuses entreprises d’organiser un “Green Friday” sur les sites de leurs marques. Ainsi, Mustela (Laboratoires Expanscience) a reversé à Dons solidaires le montant du chiffre d’affaires réalisé sur son e-store lors du Green Friday.
Marqueur du temps, les entreprises placent les associations en première ligne dans la communication de leurs opérations solidaires. Une formidable visibilité grand public est ainsi offerte à des acteurs associatifs, qui ont fait la preuve pendant la crise de leur rôle décisif d’intermédiaires pour distribuer l’aide des entreprises aux plus démunis.
Après une année de crise sanitaire, une nouvelle ère semble émerger en matière d’engagement des entreprises et de leurs marques pour mener de véritables programmes de solidarité. Une tendance que l’on espère de fond, et qui sera entretenue par la mise en œuvre en 2022 de la loi antigaspillage non alimentaire. Pour un « monde d’après » plus vertueux.