Tribunes

Métiers de l’industrie : une semaine et bien plus

21/12/2022

Pilotée par la Direction générale des entreprises (DGE) avec de nombreux partenaires, la Semaine de l’industrie contribue chaque année à changer le regard sur l’industrie et ses métiers. Avec 4 700 événements organisés partout en France et 1,8 million de participants, le succès de la onzième édition, du 21 au 27 novembre dernier, témoigne de la mobilisation des acteurs de l’industrie et de l’État pour l’attractivité du secteur. Par Thomas Courbe, directeur général des entreprises au ministère de l’Industrie.

La crise sanitaire et les difficultés économiques liées au contexte international ont souligné la nécessité de renforcer notre autonomie stratégique et d’accompagner l’industrie dans ses transitions, écologique et numérique. Les plans France Relance et France 2030 contribuent massivement à soutenir l’industrie dans sa trajectoire d’amélioration de sa compétitivité, de sa résilience et de son attractivité. Pour autant, cet élan reste freiné par les difficultés que rencontrent les entreprises industrielles dans le recrutement des talents et des compétences dont elles ont besoin. Cette année, les volumes de recrutement atteignent un niveau inédit dans l’industrie, avec 280 000 projets de recrutements et 55 000 postes vacants.

Une administration en pointe sur la formation aux métiers de demain

La DGE met en œuvre plusieurs actions pour faciliter le recrutement et adapter les formations aux besoins des entreprises et de l’économie de demain. Nous sommes engagés aux côtés des filières dans la réalisation de projets concrets de développement des compétences : la filière du nucléaire a ainsi mis en place une « Université des métiers du nucléaire » (UMN) avec le soutien de l’État, afin de dynamiser les dispositifs de formation du secteur. À plus long terme, l’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et métiers d’avenir » de France 2030 vise à former un million de talents, indispensables d’ici la fin de la décennie. Quelque cent trente projets ont déjà été validés à l’occasion des première et deuxième vagues de sélection, sur des thèmes très divers. Parmi les projets lauréats, on peut citer « l’École de la batterie » portée par l’entreprise Verkor, en lien avec l’INSTM, l’université Lyon-I et l’IMT Grenoble, visant à former chaque année 1 600 spécialistes de la batterie répondant à tous les besoins du secteur, allant de bac – 3 à bac + 8, ou le projet Bio’Occ, porté par les universités Toulouse-III et Montpellier, qui devrait permettre de former plus de mille diplômés d’ici cinq ans dans les biothérapies et la bioproduction.

Afin de lutter contre les idées reçues sur l’industrie et de donner aux jeunes envie d’industrie, nous organisons chaque année depuis 2011, avec le soutien de France Industrie, du ministère chargé de l’Éducation nationale et de nombreux partenaires, la Semaine de l’industrie, dont la dernière édition s’est tenue du 21 au 27 novembre.

Une édition marquée par une mobilisation record

Avec plus de 4 700 événements – portes ouvertes, conférences, expositions, job dating, etc. – organisés sur tout le territoire et une estimation de 1,8 million de visiteurs et participants, cette onzième édition a été marquée par une mobilisation record. Si les grands groupes, L’Oréal, EDF ou Seb, se sont largement investis, la Semaine de l’industrie a été également l’occasion de découvrir les TPE et PME qui sont des maillons essentiels du tissu industriel : plus de trois cents ont ainsi ouvert leurs portes cette année.

Il faut saluer la diversité des événements organisés et leur dimension ludique, adaptée aux jeunes. À Dijon par exemple, l’UIMM a organisé une enquête policière « Industrie 4.0 » permettant aux collégiens de se faire détectives pour élucider le vol des plans d’un nouveau véhicule autonome. À Bercy, sous l’impulsion du ministre délégué Roland Lescure, nous avons organisé le 24 novembre une grande journée pédagogique qui a permis à un millier de collégiens et lycéens d’Île-de-France de découvrir l’industrie par des animations immersives et par des rencontres et témoignages.

Cette édition a aussi été marquée par des événements cent pour cent en ligne, permettant d’atteindre un public plus large. Enfin, la forte mobilisation du service public de l’emploi est à saluer: 1 300 événements s’adressaient cette année aux demandeurs d’emplois, dont plus de quatre cents sessions de job dating.

Promouvoir la place des femmes dans l’industrie

La Semaine de l’industrie vise aussi à promouvoir la mixité dans les métiers industriels. Alors que l’industrie peine à recruter des femmes, qui représentent moins de 30 % des salariés du secteur [1], la DGE a choisi d’en faire une priorité : plus de mille événements spécifiques à cette thématique ont été organisés au cours de l’édition 2022. L’association « Elles bougent », avec qui la DGE travaille étroitement, a organisé cent vingt visites de sites pour permettre à 2 500 jeunes filles de découvrir les métiers industriels.

Plus largement, la DGE a contribué à mettre en place des actions à plus long terme au sein du Conseil national de l’industrie (CNI). Un groupe de travail sur la mixité y a été créé à la commission « Compétences et Attractivité des métiers de l’industrie », lancée en juin, qui collabore avec le Conseil de la mixité. Créé en mars 2019, celui-ci a déployé de nombreuses initiatives, comme le guide des bonnes pratiques innovantes en matière d’égalité femme-homme ou l’élaboration d’une norme Afnor sur l’égalité femme-homme en entreprise.

Montrer l’engagement de l’État et des industriels dans la transition écologique

Par ailleurs, alors que l’engagement en faveur de la transition écologique est une priorité des jeunes générations, la Semaine de l’industrie met en valeur les entreprises qui s’engagent à réduire leur impact environnemental, parfois avec le soutien de l’État au travers des plans France Relance et France 2030. L’édition 2022 a montré que la transition écologique est source de nombreux changements dans l’industrie et qu’elle nécessite de nouvelles compétences. Aussi, en Bourgogne-France-Comté, un collectif de partenaires mobilisés par le rectorat, EDF et les « Campus des métiers et qualifications » [2] du pôle bas carbone ont organisé la deuxième édition du Festival de la transition écologique et numérique.

Un programme de plusieurs dizaines d’animations à l’intention des jeunes et demandeurs d’emplois était ainsi proposé dans les territoires, qui a permis de traiter des sujets comme l’impact carbone des bâtiments, le développement des énergies renouvelables ou les véhicules électriques.

Le point de vue de Vincent Moulin Wright, directeur général de France Industrie

« Depuis sa création en 2011, la Semaine de l’industrie est portée par le ministère chargé de l’Industrie (Direction générale des entreprises) et France Industrie, qui s’appuie sur ses 78 membres (fédérations et grandes entreprises industrielles), tous très mobilisés cette année encore pour la onzième édition. Cette initiative est l’expression d’un enjeu stratégique pour les industriels français : le besoin en compétences qualifiées pour leurs métiers. Si l’opinion et les pouvoirs publics ont pris conscience du rôle clé de l’industrie dans la souveraineté française et les défis de transformation écologique en cours, les difficultés des industriels à recruter sont moins connues.

« Pourtant, dans nos industries les emplois sont bien rémunérés et pérennes. Les parcours de formation professionnelle et d’apprentissage garantissent une bonne employabilité, et les métiers sont à la fois divers et sources de sens. Cinquante-cinq mille emplois sont vacants dans l​‌’industrie. C’est une réalité : une majorité d’entreprises industrielles, notamment les PMI, ont des difficultés à recruter. Les « métiers en tension » sont souvent des métiers industriels, et les cinq cents usines qui fabriquent des produits de grande consommation que représente l’Ilec ne sont pas épargnées.

« Les enjeux de ces recrutements sont majeurs : fabriquer pour tous des produits et services dans la santé, l’alimentation, la mobilité, la construction, la sécurité ou la communication, moderniser nos sites et assurer leur montée en gamme vers « l’industrie du futur », opérer leur décarbonation et leur digitalisation, innover, assurer la créativité et la qualité des produits. L’humain est la première ressource devant ces enjeux primordiaux.

« Nous, industriels, avons une grande responsabilité collective : donner aux jeunes l’envie d’industrie. Quel meilleur moyen qu’aller à leur rencontre tout au long de l’année et particulièrement pendant la Semaine de l’industrie ? Nous nous réjouissons que l’édition 2022 ait connu un record de mobilisation. France Industrie en Provence-Alpes-Côte d’Azur a ainsi imaginé « Forindustrie » [3], une plateforme en ligne destinée à réunir les acteurs locaux de l’industrie, les jeunes et les pouvoirs publics. France Industrie en Grand-Est a organisé le salon « Showindustrie », qui a accueilli plus de douze mille visiteurs en deux jours. La mobilisation de marques grand public a également été exemplaire, comme celles des groupes Danone, Savencia, Andros, Cristal Union, Blini, Aoste, Martinet, Lavazza, Avril-Lesieur, Seb, Yoplait, Coca-Cola, L’Oréal ou Bic.

« Notre siècle vit à marche accélérée plusieurs révolutions : numérique, écologique, technologique, et celle de la consommation : toutes procèdent de l’industrie, qui est le principal offreur de solutions au service des mutations de notre quotidien. Ces grandes transformations promettent de superbes parcours aux jeunes qui choisiront l’industrie : qu’ils soient les bienvenus. »

[1] Cf. Caractéristiques des emplois − femmes et hommes, l’égalité en question, Insee.
[2] Cf. Education.gouv.fr/les-campus-des-metiers-et-des-qualifications-5075.

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