PepsiCo, produits plaisir, produits vertueux

26/09/2023

Il y a un peu plus de deux ans, PepsiCo France lançait son programme de développement durable « PEP+ » (« PepsiCo Positive »), en quatre volets : emballage, décarbonation, nutrition et solidarité. La filiale française du groupe vient de faire un point d’étape sur les deux premiers, rappelant ses objectifs : 100 % d’emballages recyclables en 2025, 0 % de plastique vierge en 2030 par l’incorporation de matière recyclée ou renouvelable et « net zéro émissions » en 2040.

Côté emballage, en mars 2020, toute la gamme Lipton Ice Tea passait en rPET. Deux ans plus tard et avec huit ans d’avance sur son calendrier, PepsiCo France est le premier acteur des boissons rafraîchissantes sans alcool à avoir atteint 100 % de plastique recyclé pour ses bouteilles et transparent, dans l’intégralité de son portefeuille. En outre, les bouteilles Lipton s’équipent progressivement depuis 2022 d’un bouchon attaché, pour éviter qu’il ne se retrouve dans la nature : il a été au passage allégé de 14 % de plastique. Dans les chips, la marque Lay’s a adopté un sachet composé à 50 % de matière végétale pour ses références les plus consommées.

Côté décarbonation, le groupe a réduit de 12 % ses émissions de gaz à effet de serre liées au transport par son engagement dans Fret 21, depuis 2019. Avec la hausse des volumes, la baisse des émissions de C0² est en réalité de 28 % par unité de produit transportée, grâce à quatre leviers : optimisation du remplissage des camions, réduction des distances parcourues, évolution des modes de transport (8 % en rail-route) et sélection des prestataires, notamment en favorisant le biocarburant (15 % des flux). Cet engagement vient d’être renouvelé pour trois ans, visant une réduction de 10 % au total. Enfin, l’entrepôt de Libercourt, dans le Pas-de-Calais, met en place une manutention logistique 100 % électrique et utilise depuis mai dernier le premier tracteur de parc électrique, fourni par Blyyd, afin de déplacer les remorques de camion de nuit, réduisant les nuisances sonores, le tout sans émission de CO2. Ce test devrait être étendu aux autres entrepôts.

Aide à l’agriculture régénérative

Autre volet de son programme, PepsiCo France met l’accent sur l’amélioration nutritionnelle de ses recettes : entre 2006 et 2022, ses céréales Quaker ont diminué leur taux de sucre de 41 % et ses boissons (Pepsi, Seven Up, Lipton) de 47 %. De leur côté, les produits apéritifs (Lay’s, Doritos, Benenuts) ont vu leur taux de sel réduit de 31 % dans la même période, et celui d’acide gras saturés de 16 %. Pour continuer à démocratiser la diminution du sucre, voire la tendance au sans-sucres, le taux de sucre du Pepsi Regular est descendu à moins de 5 grammes pour 100 millilitres, le Pepsi Max a été renommé Pepsi Zéro Sucres pour plus de clarté et des recettes de Lipton Ice Tea ont été encore allégées – après trois ans de R&D, elle fait partie des marques de boissons rafraichissantes les moins sucrées du marché, se félicite PepsiCo France.

Les engagements solidaires de l’entreprise sont prioritairement tournés vers le monde agricole, ses pratiques et ses métiers. PepsiCo s’est donné l’objectif d’étendre l’agriculture régénératrice sur 2,8 millions d’hectares d’ici à 2030, soit l’équivalent des surfaces agricoles cultivées pour les matières premières qu’il utilise. À la clé : une réduction nette d’au moins trois millions de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre. Pour ce faire, un partenariat a commencé en 2022 avec la plateforme de financement participatif Miimosa qui a déjà bénéficié à dix producteurs de pommes de terre avec une dotation complémentaire de 10 000 euros par la Fondation Pepsico. Par ailleurs, Pepsico France soutient depuis 2013 le Réseau national des épiceries solidaires Andes, par des contributions financières ou des dons de produits. La Fondation PepsiCo accompagne l’association dans son expansion en soutenant la création de cinq épiceries solidaires par an.

“Nous ne reculerons sur rien”

Retour sur ces deux années d’effort avec Séverine Lepers, directrice corporate affairs et sustainability France, PepsiCo.

Vous dressez un premier bilan de PEP+, quels sont les plus gros chantiers qu’il vous reste à mener ?

Séverine Lepers : Parmi les défis, l’utilisation du rPET dans nos bouteilles, qui soulève deux grandes questions : l’accessibilité de la matière première (très prisée) et son prix (souvent élevé) ; deux paramètres qui dépendent des performance de collecte et de recyclage des déchets d’emballages en France. C’est pourquoi PepsiCo est en faveur de l’instauration d’un système de consigne pour le recyclage des emballages de boissons (bouteilles plastique et canettes), afin de créer le sursaut de performance de collecte dont la France et les opérateurs économiques ont besoin. Pour tout cela, nous avançons en collaboration avec un écosystème complet. Nous ne pouvons pas faire tous les métiers. En attendant, bonne nouvelle sur le marché des chips snacks : Citeo vient d’annoncer la création d’une filière pour le recyclage des emballages souples, ce qui permettra celui de nos sachets de chips et snacks dès 2025.

Et sur la décarbonation ?

S. P. : Nous travaillons avec nos partenaires, sept sites d’embouteillage et huit centres logistiques, plus de soixante transporteurs, en incluant dans nos appels d’offre trois critères : le coût bien sûr, le taux de service également, mais aussi la performance environnementale, en cherchant toujours à aller plus loin. Cette partie est vraiment différenciante, notamment pour nos transporteurs.

Nous avons décidé de repenser notre réseau logistique en nous orientant, en France, vers une répartition nord-sud des sites de stockage et des sites de production. Nous avions déjà mis en œuvre cette approche pour nos boissons et venons de la déployer depuis cette année pour nos chips et nos snacks. Notre objectif est de diminuer le nombre de kilomètres parcourus pour réduire notre empreinte carbone. Nous livrons désormais environ 30 % de nos volumes directement depuis notre usine espagnole, sans passer par un centre de distribution en France. Cela paraît simple, mais c’est un projet très complexe qui nous a permis de réduire nos émissions de CO² de 1 200 tonnes.

Comment vous situez-vous dans le débat entre neutralité carbone et zéro émission net ?

S. P. : Nous entendons ce débat et notre objectif est d’atteindre le zéro émission net d’ici à 2040 en Europe, avec une étape intermédiaire de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40 % pour le scope 3 et de 75 % pour les scopes 1 et 2 d’ici à 2030. Nous atteindrons notre objectif grâce à de nouvelles actions auxquelles nous réfléchissons, mais qui ne sont pas encore définies.

Comment êtes-vous organisés en interne ?

S. P. : Notre stratégie s’inscrit dans celle arrêtée au niveau mondial. Notre filiale France se concentre sur ce qui la singularise : nutrition, emballage, décarbonation et engagement solidaire. J’ai la charge du développement durable en travaillant de pair avec le directeur de la supply chain pour la logistique, nos deux directeurs marketing pour les emballages et la nutrition, ainsi que la direction des ressources humaines. Dans chacune de ces équipes, nous avons des experts RSE. Inversement, nous sommes en lien avec la direction “sustainability” en Europe et avec celle de New York.

Les salariés du groupe sont-ils tous associés ?

S. P. : Chaque année, ils ont l’opportunité de consacrer quelques heures sur leur temps de travail à une journée d’engagement solidaire autour des causes qui sont les nôtres : l’accès à une alimentation de qualité (collecte alimentaire au profit des étudiants, aide aux chantiers d’insertion d’Andes) et la protection de l’environnement (collecte de déchets). Nous avons organisé le 27 juin dernier une première journée RSE afin de les sensibiliser tous, au-delà de ceux qui sont directement concernés au quotidien. Nous allons désormais y consacrer une journée par trimestre.

Votre stratégie suppose-t-elle des investissements créant un surcoût pour vos produits et n’est-elle pas contrariée par l’inflation ?

S. P. : Nous investissons avec un budget non négligeable et qui est en hausse constante. Quant au contexte, il est certain qu’il nous pose un défi supplémentaire. Mais nous ne reculerons sur rien, notamment pas sur le rPET.

Comment cette ambition s’inscrit-elle dans votre politique d’innovation ?

S.P . : « PEP+ » transforme en profondeur toute l’entreprise. Ce n’est pas le seul levier, mais il est au cœur de nos innovations, surtout pour les volets nutrition et emballages. Nous sommes sur un marché d’alimentation plaisir, mais les enjeux nutritionnels deviennent centraux. Nous proposons le portefeuille de boissons les moins sucrées de leur catégorie sans que leur goût soit altéré. Bien sûr, nous communiquons sur le rPET auprès de nos consommateurs, qui sont sensibles à des achats plus responsables.

Benoît Jullien (Icaal)