Algorithmes pour ressources usagées - Numéro 479
15/02/2019
Comment se positionne votre activité par rapport à ce que propose le réseau Synapse, lancé par le CGDD, la DGE et l’Ademe1?
Delphine De Almeida : Upcyclea est un outil numérique intelligent qui permet notamment la mise en place et la gestion de démarches territoriales d’économie circulaire. Nous sommes l’un des outils à disposition des membres du réseau Synapse.
L’écologie industrielle et territoriale a pour objectif d’établir des synergies entre des acteurs d’une même zone géographique. Mais Upcyclea est un outil qui permet d’aller plus loin, en favorisant grâce à ses algorithmes intelligents la création de boucles de matières circulaires, et pas uniquement de synergies directes. En effet, il est rare qu’un déchet soit immédiatement une ressource ! Nous ne parlons d’ailleurs pas de déchets mais de ressources usagées caractérisées (en termes de matériaux). Ces ressources usagées, pour devenir de véritables matières premières secondaires de qualité correspondant aux besoins des industriels, nécessitent d’être transformées.
Le terme de « transformation » a un sens large, puisqu’il inclut l’« upcyclage » (ou surcyclage : réutilisation d’objets usagés), le recyclage, le transport, le contrôle ou encore le tri. De plus, un fonctionnement circulaire nécessite un travail en coopération entre acteurs, ce qui peut générer une certaine complexité. Notre outil répond de façon simple à cette complexité apparente : il permet à chaque structure d’avoir un compte sur un espace dédié et qui la laisse autonome quant aux informations qu’elle souhaite partager (ressources usagées, besoins en matières premières secondaires…), et l’intelligence artificielle permet ensuite la création de boucles de matières circulaires, créatrices de valeur pour les acteurs et de développement économique pour le territoire.
Quelles sont vos principales réalisations dans les démarches circulaires ÉIT ?
D. De A. : Nous allons plus loin que l’ÉIT en mettant en place l’économie circulaire à impacts positifs avec des entreprises, des territoires ou des regroupements d’entreprises (clusters, pôles de compétitivité…). Nous travaillons par exemple avec la communauté d’agglomération de Versailles Grand Parc, pour la mise en place de flux de matières circulaires entre les acteurs du territoire.
Nous avons notamment deux pilotes en cours de montage : le premier porte sur la boucle biologique, avec le retour au sol des matières biodégradables qui viennent de la restauration collective ou de l’entretien d’espaces verts, qui vont être transformées pour rester sur le territoire et alimenter les besoins en compost d’acteurs locaux. Un autre pilote sera mis en place en coopération entre le château de Versailles et Eiffage, autour de l’économie circulaire appliquée au BTP. Nous travaillons également avec la région Bretagne sur l’accompagnement de douze projets d’économie circulaire ainsi qu’avec le pôle de compétitivité Fibres-Énergivie à Strasbourg, spécialiste de la filière bâtiment durable (qui regroupe des fabricants de produits, des entreprises de construction…).
Travaillez-vous en lien avec des CCI ?
D. De A. : Oui, par exemple, pour le projet Versailles Grand Parc, nous avons un lien avec la CCI des Yvelines, qui mène une action dans une zone d’activité à Buc. D’autres CCI s’intéressent à nos actions, et des projets communs sont en cours de réflexion.
Quels profils d’entreprises (taille, secteur…) font le plus appel à vous ?
D. De A. : Nous travaillons avec de grandes entreprises de tous secteurs (BTP, emballage, cosmétique…) pour rendre leur activité circulaire. Nous travaillons également avec les territoires ou les clusters, pour inclure l’ensemble des entreprises d’une zone géographique, quelle que soit sa taille, dans des démarches de création de boucles de matières. Ce type de démarche nécessite un vrai changement de paradigme de la part des entreprises, c’est pourquoi nous les accompagnons dans l’utilisation de notre outil pendant au moins les trois premières années.
Vous ambitionnez de devenir le « linkedin de la ressource », combien de concurrents pour le poste ?
D. De A. : Nous n’avons pas de concurrent, car nous sommes les seuls à ce jour à proposer une démarche aussi transversale et systémique. Notre ambition est de créer un monde sans déchets, où les ressources sont préservées pour les générations futures et génèrent de la valeur.
Avez-vous l’appui des pouvoirs publics au titre de la « French Tech » ou autre dispositif ?
D. De A. : Nous avons depuis juin 2016 le label GreenTech Verte, label porté par le ministère de la Transition écologique et l’Ademe. Nous sommes également labélisés par le pôle de compétitivité Cap Digital, et la Banque publique d’investissement nous accompagne dans nos actions.