Innovation à tous les étages - Numéro 480
26/03/2019
À quel besoin répond l’initiative Biis ?
Étienne Thouvenot : Les départements recherche et développement durable ont vu dans cette proposition une opportunité de tester des activités à impact sociétal. Biis a commencé sous forme expérimentale avec peu de moyens, mais a répondu à des besoins de ces départements : trouver des relais de croissance, pour l’innovation (et l’innovation sociale en est un) améliorer l’impact social, pour le développement durable.
Cette initiative vous est due ; quelle était votre fonction lorsque vous l’avez proposée ?
É. T. : Ingénieur de formation, j’ai eu un parcours varié dans le groupe : production, amélioration continue, qualité, audit international. En 2016, c’est en tant qu’expert production dans un projet informatique que j’ai fait cette suggestion. En tant qu’entrepreneur social, cofondateur des Petites Cantines1 avec l’aide de Ticket for change2, en parallèle de mon métier chez Seb, j’étais crédible pour une telle initiative. Elle m’a conduit à ma fonction de responsable de l’innovation sociale.
Combien de salariés ont répondu à l’appel et ont été recrutés ?
É. T. : Pour l’expérimentation, nous avons démarché 80 salariés ; 30 se sont libérés pour une réunion d’information sous une semaine, et 20 d’entre eux ont postulé. Fin 2018, nous avons fait appel à volontaires, et une cinquantaine de candidats se sont déclarés. Pour constituer les promotions, nous identifions le sujet sur lequel ils souhaitent travailler, car ce n’est pas la même chose, sur l’alimentation, la prévention des chutes ou le design inclusif. Ensuite, nous prenons en compte leurs disponibilités. S’il y a encore trop de candidats, nous équilibrons : diversité par les services de provenance, le sexe ou l’âge.
S’agit-il de faire émerger des intrapreneurs ?
É. T. : Certains salariés cherchent du sens, d’autres un défi, d’autres de nouvelles méthodes. L’une des valeurs de Seb est la volonté d’entreprendre3. Biis permet à des salariés d’expérimenter un aspect de l’intrapreneuriat, avec l’objectif que dans leur métier traditionnel ils osent davantage, fassent des propositions. D’autres initiatives, comme celle de la direction de la recherche, sont destinées à encourager tous les salariés (pas seulement le marketing et la recherche) à faire des propositions de nouveaux produits ou services. Cette année, cinq cents idées ont été proposées et cinq sélectionnées puis accompagnées par le Seb lab pour en faire des prototypes proposés aux équipes marketing.
Pourquoi conditionner la participation à l’accord du manager ?
É. T. : L’investissement du volontaire est raisonnable, mais pas négligeable, entre deux et quatre heures par semaine sur trois mois. Pour que l’équipe avance au même rythme jusqu’au bout, on a besoin de chacun, donc du soutien de chaque manager dans toute la période.
L’engagement du salarié est pris en compte lors des entretiens annuels. N’est-ce pas pénaliser ceux qui n’ont pas répondu à l’appel ?
É. T. : Le salarié s’engage volontairement dans le programme, son investissement est important, aussi nous le valorisons auprès de son manager. Il est opportun que celui-ci en parle lors de l’entretien annuel. Les autres salariés ont d’autres moyens de s’impliquer dans leur travail et de faire des propositions.
Les salariés sont accompagnés selon une « méthodologie agile » appuyée sur le « design thinking », le « principe d’effectuation » et le « SCRUM ». Combien y comprennent quelque chose ?
É. T. : C’est comme la procrastination : on la pratique avant de connaître le terme ! Ces méthodes ont permis de structurer le programme. Nous les avons adaptées à nos besoins et à nos contraintes. Nous améliorons nos outils après chaque utilisation. Les salariés sont accompagnés avec des outils formalisés et nous leur expliquons les termes jargonneux au fur et à mesure, termes qui sont de plus en plus utilisés dans l’entreprise.