La marque de l’école - Numéro 376
01/11/2006
Le classement des meilleures écoles de commerce d’Europe, réalisé en 2006 par le Financial Times, place Audencia au dixième rang. Est-ce la première fois que l’école que vous dirigez figure dans un tel classement ? Jean-Pierre Helfer : C’est la deuxième fois, puisque ce classement date de 2005, quand le Financial Times a ajouté au classement des MBA celui des mastères et des grandes écoles. Nous étions alors au seizième rang. Nous avons connu en 2006 la plus forte progression des écoles européennes, en atteignant le dixième rang. Les critères retenus vous paraissent-ils pertinents ? En ajouteriez-vous d’autres ? J.-P. H. : Ils sont globalement pertinents, dans la mesure où ils font peu appel aux déclarations des établissements, et privilégient les commentaires des diplômés sur le déroulement des études, le degré de satisfaction, le salaire à la sortie, le parcours professionnel dans les trois ans qui suivent… Ces critères sont pertinents et vérifiables. On pourrait toutefois ajouter l’opinion des directeurs des ressources humaines. L’ancienneté d’une l’école lui confère-t-elle une prime au classement ? J.-P. H. : Non, comme l’atteste notre progression. Reste que l’ancienneté confère une meilleure connaissance du milieu des entreprises, crée un effet de halo et d’entraînement. La notoriété est certes supérieure, mais elle ne confère pas automatiquement une prime. Le concept de marque, appliqué aux écoles commerciales, est-il pertinent ? Que signifie Audencia ? J.-P. H. : Le concept de marque est fondamental, car les écoles sont des entreprises de service où la notion de qualité est essentielle. Nous proposons à une clientèle, à la base de notre offre, un territoire et des valeurs de marque. Nous déclinons notre marque, avec Audencia Grande Ecole, Audencia MBA, Audencia Master, Audencia formation continue… Audencia est la contraction du latin audientia (« attention donnée à la parole, écoute ») et de audacia (« hardiesse, bravoure »). La marque, créée en 2000, a succédé au nom d’Ecole supérieure de commerce de Nantes-Atlantique, moins signifiant. Comment votre école se singularise-t-elle en termes de contenus pédagogiques, de recrutement, de débouchés ? J.-P. H. : Globalement, toutes les grandes écoles de commerce offrent le même contenu pédagogique et ont les mêmes caractéristiques, en termes de recrutement et de débouchés. Reste qu’Audencia se singularise par la valeur très forte du travail et de l’encadrement. Nous n’avons aucun cours en amphithéâtre. L’enseignement se fait en petits groupes, personnalisant mieux la relation étudiants-enseignants. Nous nous singularisons également par nos valeurs, et notre slogan, « La grande école qui donne du sens au management », l’atteste. Au-delà de l’apprentissage des techniques de gestion, de mercatique, de finance, nous entendons donner du sens à ces techniques. Nos deux mille étudiants passent tous entre six et neuf mois à l’étranger, dans des écoles partenaires, et nous sommes la seule grande école à imposer une troisième langue vivante. Le cursus suffit-il, ou doit-on y ajouter d’autres formations ? J.-P. H. : Nous allons prochainement ouvrir un mastère dans le domaine des ressources humaines, mais nous sommes très sélectifs dans notre développement interne, car la ressource rare est celle des pédagogues et nous entendons maintenir un encadrement important. La course à la taille n’est pas notre objectif prioritaire. Quant à suivre parallèlement un autre cursus, nos étudiants, excepté ceux qui se destinent à la recherche, ont un emploi du temps très chargé qui limite le recours à d’autres formations. A l’entrée, observez-vous un élargissement du recrutement, de sa base sociale, et une féminisation ? J.-P. H. : Cinquante-quatre pour cent de nos étudiants sont des étudiantes, un chiffre stable depuis sept ans. Nous souhaitons élargir la base sociale, et c’est en partenariat avec l’école centrale de Nantes que nous avons lancé l’opération Brio (« Bond pour la réussite par l’initiative et l’ouverture »). Elle vise à promouvoir le modèle de la grande école française et à attirer davantage de jeunes. La France s’est longtemps singularisée en privilégiant la culture du politique, de l’ingénieur, au détriment de l’entreprise, du commerce et du marketing. Est-ce encore vrai ? J.-P. H. : Cette exception a disparu, comme l’atteste le nombre d’étudiants qui se dirigent vers le commerce. Cette tendance s’affirme depuis plusieurs années. Avons-nous les écoles de notre économie ? Y-a-t-il adéquation entre la formation dans les grandes écoles et les offres d’emplois des entreprises ? J.-P. H. : Nous n’avons fort heureusement jamais les écoles de notre économie, car elles doivent être en avance sur l’économie. L’adéquation formation-emploi existe, puisque tous nos étudiants trouvent un emploi. Il s’agit d’une adéquation dynamique, car il nous revient de suivre l’évolution des métiers. Ainsi, aujourd’hui, le commerce est plus porteur que la mercatique, la banque de détail plus prometteuse que la banque d’affaires.
Propos recueillis par Jean Watin-Augouard