Le caractère avant le cursus - Numéro 376
01/11/2006
Quels enseignements tirez-vous du classement des grandes écoles réalisé par le Financial Times ? Frédéric Faure : Ce classement met en avant les écoles dont la vocation internationale est affirmée. La position des écoles françaises ne peut que nous flatter, elle témoigne de notre très bon niveau d’enseignement. Contrairement aux idées reçues, notre système éducatif est loin d’être défaillant. Soulignons, cependant, un de ses points faibles : la place réduite accordée au développement des capacités de diection et de management dans le cursus de formation. Les « petites écoles » hors classement seraient-elles moins performantes ? L’ancienneté confère-t-elle une prime ? F. F. : L’adjectif « petites » ne me semble pas approprié. La prime à l’ancienneté de l’école joue, c’est vrai, ainsi qu’une prime à la vocation internationale. Avec le recrutement de professeurs ayant un profil international, d’autres écoles moins connues rejoindront ce classement, grâce à leur ouverture et à la mise en œuvre de nouvelles alliances à l’étranger. Le concept de marque, appliqué aux écoles, est-il pertinent ? F. F. : En ce domaine, le contenu est plus important que le contenant. La pertinence découle plus de la nécessité pour ces écoles de trouver de nouvelles sources de financement, pour poursuivre leur développement. La communication est donc devenue pour elles un élément important. Observez-vous des singularités selon les écoles, ou bien sont-elles plutôt homogènes quant au contenu pédagogique ? F. F. : Si toutes les écoles offrent un tronc commun, elles se singularisent néanmoins, certaines se spécialisant dans la logistique, d’autres s’ouvrant davantage à l’international. Cette segmentation permet de mieux répondre aux demandes des entreprises Unilever a-t-il une politique de recrutement spécifique ? F. F. : Notre politique de recrutement est fondée sur la relation forte à construire entre un candidat et l’entreprise. Nous recherchons d’abord des profils de personnes ouvertes, pragmatiques, passionnées, et sachant travailler en équipe. Au final, c’est notre capital humain qui fera la différence avec nos concurrents. La relation entre un salarié et son entreprise est fondée sur l’affectio societatis, la confiance et les promesses tenues, de part et d’autre, promesses sans lesquelles il n’est pas de contrat durable. Dans votre politique de recrutement, privilégiez-vous la « grande école » par rapport à l’université ? F. F. : Chez Unilever, la diversité fait partie de notre ADN. Nous sommes riches d’équipes aux cultures et aux origines sociales différentes, et c’est là un véritable atout. Nous avons besoin de diversité dans nos recrutements. Nous continuons à œuvrer pour attirer les meilleurs élèves des grandes écoles, parce que nous sommes l’un des premiers groupes mondiaux dans nos activités, implantés sur cinq continents, et que nous offrons à nos jeunes salariés un environnement de travail international, dynamique et épanouissant. Mais nous sommes aussi très attentifs à l’importance d’offrir l’accès à notre groupe à d’autres profils, qui viennent d’autres écoles ou universités. Nous avons un besoin impératif de croissance forte. Cette croissance exige une performance d’exécution parfaite, qui suppose que nous recrutions d’abord des personnes opérationnelles, passionnées et prêtes à s’engager, qui puissent apporter à l’entreprise une nouvelle richesse. Cela justifie la diversité de nos recrutements et la volonté de ne pas privilégier une école en particulier. La féminisation constatée des écoles se retrouve-t-elle dans le recrutement d’Unilever ? F. F. : Nous constatons cette évolution, particulièrement dans le marketing, mais nous avons toujours souhaité un équilibre entre les hommes et les femmes, car la diversité, c’est d’abord une opportunité de mieux remplir notre mission auprès de nos consommateurs et de nos clients. Observez-vous une bonne adéquation entre la formation dispensée dans les grandes écoles et les offres d’emplois ? F. F. : De manière générale, l’adéquation entre la formation de ces écoles et nos attentes est satisfaisante, à l’exception peut-être, dans le domaine commercial, des nouveaux métiers de la vente. Mais notre devoir d’employeur est d’assumer le développement des compétences des salariés tout au long de leur vie professionnelle. La « grande école » suffit-elle, ou est-il souhaitable, pour un étudiant, d’acquérir d’autres formations ? F. F. : Ce qui compte, ce n’est pas tant la formation que les qualités de la personne, qui peuvent se développer dans l’entreprise. La capacité managériale et la capacité d’écoute sont primordiales. Le groupe Unilever va-t-il prêcher la bonne parole dans les grandes écoles ? F. F. : Oui, depuis le début des années 2000, le groupe a développé une stratégie de communication qui lui a permis de passer de la trentième à la quatorzième place, dans le classement des entreprises préférées des étudiants. Des managers sont devenus des ambassadeurs de l’entreprise et de ses métiers, pour présenter dans les forums des grandes écoles les domaines d’expertise d’Unilever. Un site est spécialement destiné aux étudiants qui souhaiteraient mieux nous connaître.
Propos recueillis par Jean Watin-Augouard