Bulletins de l'Ilec

Vers un affichage multicritère - Numéro 396

01/12/2008

Entretien avec Aymeric Schultze, Bio Intelligence Service

Quelles informations l’analyse du cycle de vie d’un produit peuvent intéresser le consommateur ? L’empreinte carbone est-elle un indicateur suffisant ? Aymeric Schultze : L’analyse de cycle de vie (ACV) est une méthode d’évaluation des impacts environnementaux qui peut fournir une information sur tous les types d’enjeux induits par le produit : consommation de ressources, émissions de CO2, pollution de l’air, pollution de l’eau, production de déchets, etc. Elle fournit une photographie environnementale exhaustive du produit. Néanmoins, le consommateur n’est pas encore prêt à assimiler l’ensemble de cette information. Il convient de sélectionner les messages. Dans le cadre de la plate-forme Ademe-Afnor – et de leurs « Principes généraux pour l’affichage environnemental des produits de grande consommation » –, ce choix sera fait au regard de l’ampleur des différents impacts environnementaux et de la capacité du consommateur à appréhender les informations transmises. L’Ademe et l’Afnor l’ont annoncé clairement : l’affichage environnemental obligatoire, d’ici à 2011, sera multicritère. Il comprendra une information sur l’empreinte carbone du produit, complétée par un ou deux autres indicateurs d’impacts environnementaux qui seront déterminés par catégorie. Néanmoins, ce sont l’ensemble des expérimentations sur l’empreinte carbone, en France, au Royaume-Uni et dans le monde, qui ont permis à cette réflexion multicritère sur les enjeux environnementaux du produit d’aboutir. Le travail sur l’empreinte carbone peut être conçu comme un premier pas vers un affichage environnemental multicritère. L’empreinte environnementale d’un produit est-elle toujours assez constante pour faire l’objet de mesure ? La chaîne d’approvisionnement n’est pas immuable… Qu’est-ce qu’il est techniquement possible de collecter et d’afficher ? A. S. : C’est la question de la faisabilité du développement d’une méthode d’évaluation des impacts environnementaux, support de la transmission de l’information aux consommateurs. Le développement d’une telle méthode est exactement le sujet des travaux de l’Ademe et de l’Afnor, avec leur plate-forme sur l’affichage environnemental, et des groupes de travail sectoriels (alimentaire, équipements électriques et électroniques…). Ces travaux seront alimentés par plusieurs projets pilotes, comme celui lancé par la FCD, l’Ania et l’Ademe, et confié à un consortium mené par Bio Intelligence Service : il devra construire une méthode d’évaluation des impacts pertinente du point de vue de l’environnement, et techniquement et économiquement soutenable par les acteurs de la chaîne de production et de distribution du produit. Dans ce cadre, tous les problèmes techniques soulevés seront traités. Quel type d’information sur le lieu de vente pourrait être développé afin de ne pas trop en demander à l’étiquette ? A. S. : L’ambition des pouvoirs publics français est de rendre obligatoire la production d’une information environnementale sur les produits, mise à disposition du consommateur par l’intermédiaire d’un affichage environnemental sur le lieu de vente. La notion d’affichage environnemental couvre d’une part la restitution d’information sur les emballages primaires ou secondaires, on parle alors d’étiquetage, d’autre part la production d’information sur le lieu de vente, en magasin (physique ou virtuel). Pour transmettre l’information au consommateur, on peut concevoir des bornes interactives, des documents disponibles en rayon, un affichage à côté des étiquettes de prix, etc. Cette liste n’est ni finie ni limitative, et elle pourra être un élément de différenciation des enseignes.

Propos recueillis par Jean Watin-Augouard

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