L'UE en haut de gamme - Numéro 401
01/06/2009
Première zone de production de richesse, avec 22 % du PIB mondial, et 42 % du commerce, l’Union européenne, avec ses vingt-sept Etats et ses presque 500 millions d’habitants, affronte sa première dépression économique1, et des voix s’élèvent contre « l’Europe passoire ». De nouveaux acteurs ont changé la donne mondiale. Dans la période 2000-2005, le Sud a contribué à la croissance des exportations et des importations mondiales de produits manufacturés à hauteur de respectivement 60 et 50 % . De 1995 à 2005, la Chine a presque doublé sa part du marché mondial, avec une « spécialisation dans les produits à fort contenu technologique, jusque-là considérés comme un avantage comparatif propre aux économies les plus développées »2, notent Matthieu Crozet et Soledad Zignago. Le poids de l’UE a baissé, mais elle demeure « un des principaux moteurs de la mondialisation des échanges, notamment du fait de l’essor du commerce intra-communautaire ». L’Union reste le premier exportateur de biens (19,6 % du commerce mondial en valeur, contre 13 % pour les Etats-Unis et 9,5 % pour le Japon). Elle défend mieux sa part de marché puisque, entre 1995 et 2005, elle n’a cédé que 1,4 % du marché, au lieu de 4 % et plus pour les Etats-Unis et le Japon. Dans les produits à haut niveau technologique (électriques et électroniques, pharmacie, aéronautique, instruments de mesure et d’optique), sa part de marché est de 17,3 % , devant les Etats-Unis (14,3 % ) et le Japon (9,5 % ), et elle n’a diminué que de 0,5 % en dix ans, quand les Etats-Unis perdaient 7,6 % et le Japon 9 % . Mais la Chine l’a dépassée en 2005 comme premier fournisseur de ce type de produits sur les marchés mondiaux… Une de ses faiblesses est que ses performances « sont essentiellement dues à celles de l’industrie allemande », soulignent Matthieu Crozet et Soledad Zignago. Pour autant, si certains secteurs sont classés parmi ceux à faible contenu technologique, comme l’agroalimentaire, ils n’en intègrent pas moins des services complexes (en mercatique et stylisme par exemple). Inversement, des produits tels que les téléphones mobiles ou les ordinateurs sont devenus des biens de consommation ordinaires dont la production physique ne génère qu’une valeur ajoutée limitée. Aussi, « plus encore qu’une spécialisation dans les secteurs de haute technologie, c’est sans doute la capacité des pays à produire et vendre sur les marchés étrangers des biens de qualité élevée, chers et à haute valeur ajoutée qui conditionne l’importance des gains à tirer de la mondialisation », soulignent les auteurs. A cette aune, et grâce à l’Allemagne, l’UE se maintient au premier rang pour le haut de gamme, avec 30,4 % du marché mondial en 2004, contre 14,6 % pour les Etats-Unis, 12,7 % pour le Japon et 3,2 % pour la Chine. Et sa part a augmenté (de 0,58 % ) entre 1995 et 2004, alors que celle des Etats-Unis et du Japon a baissé de 3 % .
J. W.-A