Mouvements limités dans l'opinion publique - Numéro 401
01/06/2009
Encore majoritairement favorables à la mondialisation l’année dernière, les Européens souhaitent plus de régulation. Depuis 2003, les enquêtes Eurobaromètre évaluent la compréhension qu’ont les Européens de la mondialisation, son impact au niveau communautaire et national, pour les entreprises et les citoyens. « La perception globale de la mondialisation est restée, jusqu’au printemps 2008, majoritairement positive », remarque Elvire Fabry, de la Fondation pour l’innovation politique. En 2003, 57 % des Européens considéraient que la mondialisation leur était bénéfique. Ils étaient encore 56 % en 2008. Pessimistes quant à leur économie nationale, ils demeurent persuadés que l’Union soutient plutôt bien la comparaison avec le reste du monde, particulièrement avec les Etats-Unis : entre 2006 et 2008 la proportion de ceux qui estiment que l’économie européenne est plus performante que l’américaine a augmenté de 15 points. Les différences de perception selon la nationalité se sont cependant creusées. En 2003, la Suède et le Danemark, comme le Royaume-Uni, figuraient parmi les pays les moins favorables à la mondialisation. En 2008, 78 % des Danois et 64 % des Suédois ont vu dans la mondialisation une opportunité pour leurs entreprises. Les moins convaincus sont les Grecs (41 %). « La mondialisation agit comme un révélateur des tensions et des contradictions internes aux sociétés », note Elvire Fabry. En 2003, 63 % des Irlandais étaient favorables à la mondialisation, contre seulement 27 % des Français. Ils connaissaient des taux de chômage de respectivement 4,7 et 9,4 % . La mondialisation était perçue comme un processus négatif pour l’emploi par 52 % des Européens en 2003. Cette proportion n’était que de 43 % en 2008, mais de 70 % parmi les Français. En outre, elle demeurait en 2008 associée à un sentiment d’injustice : 63 % des Européens estiment qu’elle profite aux grandes entreprises et pas aux citoyens, 61 % qu’elle ne les protège pas de l’inflation et 56 % qu’elle accroît les inégalités. Enfin, la régulation a grimpé dans l’opinion publique européenne de 56 % de partisans en 2003 à 64 % en 2008. Curieusement, cette demande a reculé dans le même temps de six points en France. Des mesures protectionnistes avaient les faveurs d’un tiers des Européens en 2005, de 41 % en 2008. 1. L’Opinion européenne en 2009, sous la direction de Dominique Reynié, Fondation Robert Schuman et Fondation pour l’innovation politique, Lignes de repères.