Mimétisme de coucou ? - Numéro 409
01/04/2010
Si la frontière est ténue entre ce qui relève de la mode et la contrefaçon, la contrefaçon partielle n’existe pas. Entretien avec Christine Laï, directrice générale de l’Union des fabricants Observez-vous des cas – l’univers de la mode par exemple – où ce qui pourrait paraître imitation parasitaire ne serait qu’un effet de tendance ? Christine Laï : A l’Unifab les entreprises qui luttent contre le faux et engagent des procédures contre les personnes, morales ou physiques, qui les pillent ne le font jamais à la légère. Si la frontière entre contrefaçon et phénomène de mode ou tendance peut être parfois mince, il ne faut pas oublier que derrière chaque création, chaque innovation, il y a le travail de femmes et d’hommes. L’inspiration de nos créateurs puise dans différentes sources : un paysage, une époque historique, la rue, l’ADN de la maison… Cette inspiration doit demeurer la plus libre possible. Sa conversion en création fait appel aux dons et aux compétences des créateurs. De la création au défilé vont s’enchaîner toute une série de savoir-faire précieux. C’est ce processus qu’un droit de propriété intellectuelle protège et c’est ce qui permet de poursuivre l’oeuvre et de la renouveler. L’imitation est-elle à juste titre associée à de la contrefaçon partielle ? C. L. : La contrefaçon partielle n’existe pas. Il y a ou non contrefaçon. Mais il est vrai que certains contrefacteurs pensent qu’en ne reprenant qu’une partie d’un modèle, quelques notes de musique, quelques paragraphes d’un livre, ils ne commettent aucun délit. La réalité est différente, car c’est souvent un détail qui rend l’oeuvre originale, la forme novatrice ou l’écrit surprenant. Le contrefacteur est un coucou qui vole le travail d’autrui et ne respecte personne, c’est notamment en cela que le faux est intolérable. Y a-t-il des critères pour juger que la tendance devient imitation, donc condamnable ? C. L. : Si la contrefaçon est établie, c’est qu’il aura été jugé ainsi à partir de faits et de preuves. La part de subjectivité est alors réduite à néant. Une couleur peut être tendance, elle peut aussi être un élément distinctif d’une marque tridimensionnelle, par exemple, une longueur de jupe ou de pantalon relève aussi de la tendance, un accessoire peut devenir le produit incontournable d’une saison, mais jamais un signe distinctif, un modèle spécifique ou une marque ne peuvent être assimilés à un phénomène de mode. C’est là toute la différence ! Propos recueillis par J. W.-A.
Propos recueillis par J. W.-A.