Électronisé, irrésistible et faillible (Rapport du sénateur Joël Bourdin sur le commerce électronique) - Numéro 426
01/03/2012
Le « commerce électronisé » (via l’ordinateur, le mobile ou autre outil) répond aux attentes des consommateurs, qui y apprivoisent au mieux les contraintes économiques et temporelles, et y réalisent des arbitrages en termes de prix. On observe, souligne le rapport1 du sénateur Joël Bourdin, un décalage croissant entre la réalité des flux commerciaux et la structuration physique du commerce, globalement inchangée depuis une dizaine d’années.
Le commerce électronique entre dans son âge d’or en accueillent un secteur pour lui longtemps marginal : l’alimentaire. Son essor reste néanmoins indéterminé dans ses modalités et pourrait même se trouver en divers domaines contrarié. Le principal obstacle à son développement, en dépit de sa capacité à favoriser les arbitrages budgétaires, est l’incertitude qui plane sur l’évolution du revenu des ménages, elle-même conditionnée par le cadre macroéconomique.
Autour d’un scénario central fondé sur une croissance économique moyenne de 1 % jusqu’en 2022, le rapport envisage deux variantes, l’une, basse, sur fond de stagnation économique, et l’autre, haute, sur fond de reprise « tangible ». Si, dans le scénario central, les ménages se sentent « libérés » des contraintes de temps grâce à l’ubiquité du « commerce électronisé », certains consommateurs, « tracés » par leurs mobiles géolocalisables, peuvent se sentir « cernés » par l’omniprésence commerciale.
La variante basse fait la part belle aux plates-formes de vente à bas coûts qui contribuent, par une concurrence exacerbée, à l’amorce d’un mouvement durable de déflation qui sonne le glas des enseignes privilégiant le « confort d’achat ». Le cybermarché des PGC y serait contrarié par la « progression marquée » de « l’autoproduction agricole ». Le « troc » se développe pour les biens et pour les services. L’«utilité globale » nécessite une « moindre production marchande ». La variante haute, elle, table sur un e-commerce plus « hédonique » privilégiant les offres créatrices de valeur et respectueuses de l’environnement.
Quel que soit le scénario, le rapport tempère l’idée d’un essor irrésistible, au regard de certains facteurs de risques, en particulier la fragilité de certains modèles économiques sur le plan de la logistique et la difficulté à pourvoir les métiers d’ingénieurs informatiques développeurs – défi lancé aux filières de formation professionnelle ? Le rapport souligne également que si la confiance des consommateurs semble croître, le risque de tromperie demeure. Et que, parallèlement à l’usage compulsif de l’internet, la « société d’e-consommation » pourrait être jugée envahissante et susciter un rejet.