“Cradle to Cradle”, un label éprouvé dans le BTP - Numéro 449
01/05/2015
Quel est la singularité du label Cradle to Cradle et combien d’entreprises l’ont sollicité ?
Christine Guinebretière : Ce label, créé en 1993, a la particularité de définir un processus, des principes et une qualité. Il analyse la chimie des matériaux, la réutilisation de la matière, la gestion de l’eau, les conditions de travail et l’éthique, et les énergies renouvelables. C’est un label à cinq niveaux : basique, bronze, argent, or et platine – aucune entreprise n’a encore obtenu ce dernier niveau. Il permet aux entreprises de s’améliorer dans le temps.
Le label est très répandu en Hollande, en Europe du Nord, en Californie, où des entreprises du bâtiment ont construit des immeubles entièrement démontables dont toutes les matières peuvent être réutilisées. Les bâtiments sont conçus pour filtrer l’air et l’eau. Les entreprises qui souhaitent répondre aux appels d’offres se tournent vers ce label comme caution. Il commence à susciter un vif intérêt en France auprès des territoires, qui souhaitent voir émerger des bâtiments, des parcs d’activités, des infrastructures inspirés par Cradle to Cradle. Dans le Nord, en Bretagne, en Languedoc-Roussillon, en Martinique, des appels d’offres recommandent notre label. Pour l’heure, les entreprises françaises du BTP ne l’ont pas.
Quatre cents entreprises et un millier de produits sont labellisés Cradle to Cradle, mais toutes ces entreprises sont étrangères (mobiliers de bureau Steelcase, moquettes Desso, revêtements Tarkett…) ; en Europe, beaucoup de produits sont en cours de certification. Aujourd’hui, les entreprises françaises souhaitent diminuer leur impact sur l’environnement et la santé. Le label Cradle to Cradle, lui, privilégie l’augmentation de l’impact positif. Ainsi Rainett a un impact positif sur l’environnement, en contribuant à la purification de l’air.
La démarche n’est pas plus onéreuse, car le processus part de la R&D en amont. Aujourd’hui, les entreprises font de l’écoconception avec leur R&D, puis elles transmettent le projet au service développement durable, qui ajoute des coûts. Avec Cradle to Cradle, l’impact positif est prévu dès le commencement. Le label conduit à innover d’emblée.
Combien d’entreprises ont échoué à obtenir le label ?
C. B. : Aucune, car lorsqu’une entreprise souhaite entrer dans la dynamique de l’impact positif, elle commence par le niveau basique, pour ensuite passer progressivement aux autres niveaux. Cela induit un changement culturel profond dans l’entreprise.
Votre label est-il compris des consommateurs ?
C. B. : Insuffisamment. Nous avons donc créé une communauté, la CtoC Community, chargée de faire de la pédagogie auprès des parties prenantes, dont les consommateurs. Cela consiste à faire se rencontrer des consommateurs, des entreprises, des consultants, des ONG pendant une matinée autour de la démarche cradle to cradle. Grâce au prix de l’Essec, on constate que les jeunes, ici les étudiants, ne sont pas insensibles à ce label, qui défend une vision de la vie et de l’avenir innovante.