Expertise écoconceptuelle - Numéro 456
01/04/2016
Sommes-nous au bout de l’écoconception ? Le dernier palier serait-il atteint pour le volume des emballages ?
Michel Fontaine : Non, l’écoconception a encore de beaux jours devant elle. Elle a été portée par la crise économique chez certaines multinationales, car économie et écologie allaient dans le même sens. L’ensemble des entreprises dont les PME et PMI doit s’y mettre. Et il faut que ce mouvement soit sincère et non subi. À ce titre, le CNE a publié un guide1 d’aide à l’écoconception des emballages en vingt questions. Celles que les metteurs en marché posent au CNE, par notre fiche contact, montrent que les entreprises prennent le sujet à bras-le-corps. L’écoconception leur permet un moindre impact environnemental des produits, de repenser les produits existants, leur mode de distribution ou d’usage, de repérer et de maîtriser les risques et coûts inhérents au cycle de vie complet du produit, de réduire les coûts de transport, ceux des matières premières et ceux des emballages, de favoriser la réutilisation des matières en amont, et au total de créer de la valeur.
L’essentiel des marges de progression tient-il à la recyclabilité ?
M. F. : Le recyclage des matériaux est le choix européen depuis vingt-cinq ans pour les déchets d’emballages et il faut améliorer encore les résultats. C’est possible. En amont par l’écoconception, qui consiste à penser à la fin de vie de l’emballage dès le premier stade du développement d’un produit et à éviter la mise en marché d’emballages perturbateurs du tri ; et en aval, pour mieux récupérer et trier. Dans une logique d’économie circulaire, le CNE recommande2 que les emballages non recyclés soient valorisés en énergie, objectif zéro mise en décharge.
La Cour des comptes a vu un « effet pervers du dispositif »5 dans le recul des conditionnements en verre au profit du plastique, dû à la façon d’apprécier l’écoconception : en tonnage…
M. F. : L’écoconception prônée par le CNE et par les experts du sujet n’a rien à voir avec une diminution globale du tonnage. Les diminutions de poids doivent s’apprécier à matériau égal. Il n’existe pas d’empreinte environnementale globale, mais un profil d’empreinte, avec plusieurs critères qu’on ne peut pas additionner. Le CNE a publié une note sur la comparaison des emballages issus de matériaux divers3. En rapport avec le cahier des charges de la filière REP serait envisagé un comité de l’écoconception et de l’écomodulation (du « barème amont »), réunissant pouvoirs publics, éco-organismes, metteurs en marché, opérateurs du tri et du recyclage, associations.
Le CNE a-t-il vocation à y être associé ?