Un large éco-système - Numéro 463
27/02/2017
Près de 530 000 emplois, 76 milliards d’euros, 995 établissements : trois chiffres, parmi d’autres, qui illustrent le poids des entreprises de l’Ilec dans le tissu économique français. Représentant des industries de marques de grande consommation, l’Ilec en réunit soixante-treize. Un tiers sont françaises, et en tant que telles véhiculent l’image d’un fort ancrage dans les territoires. Or les autres, filiales de groupes internationaux, ne sont pas en reste.
À l’heure où l’emploi est plus que jamais une priorité sur l’ensemble du territoire national et un enjeu de la responsabilité sociétale des entreprises, l’étude conduite par le cabinet Utopies pour l’Ilec éclaire l’enracinement socio-économique de ses adhérents, leur modèle, ainsi que l’impact qu’a l’achat de leurs marques par les consommateurs.
Mesurer les retombées économiques et sociales de ces entreprises sur le territoire français consiste à quantifier l’écosystème local de chacune d’elles, sous plusieurs aspects : son poids « direct » dans ses établissements, « indirect » en amont dans l’ensemble de la chaîne de ses fournisseurs, « induit » en aval par les dépenses de consommation des salariés de son écosystème et des administrations publiques financées par ses impôts et taxes, à quoi s’ajoute l’activité liée à la commercialisation de ses produits dans les structures de la distribution.
La carte de l’emploi direct, indirect et induit en bleu, total 412 000) résulte de l’application, par départements, de la méthode des « tables entrées-sorties » aux données sur l’emploi direct (carte en rouge, total 113 000).
Le total de l’emploi « soutenu » (en jaune, total 530 000) inclut en plus les emplois résultant de la capacité des marques à attirer des personnes dans les magasins.
Enquête exhaustive
Appuyée sur des données Insee et Kantar 2015, l’étude a recensé précisément pour chaque entreprise les établissements enregistrés, le nombre d’emplois correspondants, et retracé tous les échanges économiques de ces établissements avec leurs divers fournisseurs (de rang 1 et plus) et avec la sphère publique. Elle a ainsi permis de suivre à la trace chaque euro dépensé, en identifiant chaque vague de dépenses ainsi que les secteurs concernés localement (en écartant les « fuites » hors du territoire).
Il en ressort que l’Ilec réunit 995 établissements répartis sur l’ensemble du territoire français : 409 sites à dominante de production ou de logistique, ainsi que 586 sites à dominante tertiaire (sièges sociaux, sites commerciaux, centres de recherche…), qui ont par leurs activités et leurs échanges économiques un effet d’entraînement sur l’économie locale.
En volume, les entreprises de l’Ilec « soutiennent », selon la terminologie de l’étude, en année pleine 412 000 emplois équivalents temps plein entièrement consacrés à leurs activités, en tenant compte des emplois directs, indirects et induits, ou 530 000 en incluant la quote-part de leurs produits dans l’aval distribution.
Fort effet d’entraînement sur l’emploi
L’activité des 995 établissements de l’Ilec, qui totalisent 113 000 emplois directs, a ainsi un effet multiplicateur, en France, de 3,65 dans le premier cas (un emploi dans les établissements de l’Ilec en soutient chaque année 2,65 de plus dans le reste de l’économie française), ou de 4,69 en incluant l’aval distribution (un emploi direct Ilec en soutient chaque année 3,69 de plus). Ces calculs situent les industries de marques réunies à l’Ilec dans le haut des branches industrielles à cet égard. Formulé autrement, les 113 000 emplois directs génèrent un total de 416 631 emplois supplémentaires indirects, induits et « aval distribution » dans le reste de l’économie française.
Le périmètre 2015 des entreprises de l’Ilec compte 409 sites à dominante de production (culture, fabrication, transformation, logistique, transport, stockage ou réparation) et 586 sites à dominante tertiaire (sièges sociaux, sites de négoce et commerciaux, boutiques en propre et restauration, sites de recherche et de développement). Les premiers comptent 73 150 emplois directs, avec un coefficient multiplicateur de 4,55 (un emploi sur un site en génère 3,55 dans le reste de l’économie française), hors emplois dans l’aval distribution ; les sites à dominante tertiaire comptent 39 826 emplois directs, avec un coefficient multiplicateur de 1,98. Les coefficients multiplicateurs se déclinent diversement d’un bassin d’emploi ou d’un département à l’autre, selon la nature et la taille des sites qui y sont implantés.
Dans 27 départements, les emplois directs, indirects et induits des entreprises de l’Ilec (base 412 000) représentent plus de 1,5 % de la population active totale (y inclus secteur non marchand).
Emploi direct, emplois soutenus
Plus précisément, à quoi correspondent, autour des emplois directs, les trois catégories d’emplois distinguées dans l’étude ?
Les emplois indirects se trouvent chez les fournisseurs des entreprises de l’Ilec, qui s’approvisionnent dans différents secteurs (agriculture, élevage, transport, fabrication et services divers) ; ces fournisseurs eux-mêmes achètent à d’autres fournisseurs. Chaque euro dépensé chez les uns et les autres en France (fournisseurs de rang 1 et suivants, jusqu’à ce que l’effet de vague s’estompe) génère une activité « Ilec », qui « soutient » au total 178 907 emplois indirects.
Les emplois induits ont deux origines, la rémunération et la fiscalité. La consommation des ménages résultant des rémunérations versées par les entreprises de l’Ilec et par leurs fournisseurs à leurs salariés soutient ou crée 64 162 emplois. Les taxes et impôts payés par toute la chaîne d’entreprises, et par ces ménages, financent des dépenses publiques qui soutiennent 55 834 emplois supplémentaires. Les entreprises de l’Ilec « soutiennent » ainsi 119 996 emplois induits.
Enfin, 118 000 emplois équivalents temps plein sont dus, au prorata de leur valeur, à la vente finale des produits « Ilec » dans l’aval distribution, c’est-à-dire dans les points de vente (supérette à hypermarché, vente à distance, distributeurs automatiques, restauration ou e-commerce) où ils sont mis en rayon. Par exemple, un chef de rayon dont 10 % de l’activité est consacrée aux entreprises de l’Ilec ne sera comptabilisé que pour 10 % d’équivalent temps plein.
Le taux d’emplois soutenus s’établit entre 3 et 4 % dans la plupart des commerces spécialisés et s’élève jusqu’à 16,8 % dans les magasins de parfumerie et produits de beauté, et à 18,8 % dans les hypermarchés.
Considérées sous un autre angle, il peut être dit encore de ces catégories d’emplois non directs qu’elles se composent de 179 000 emplois en amont et de 238 000 en aval.
Plus d’un tiers de fonctions de production
En termes qualitatifs, l’étude Utopies porte sur les 412 000 emplois directs, indirects et induits hors aval distribution (530 000 moins 118 000). En France, l’Ilec représente 1,9 % des emplois, pour une population active de 28,6 millions.
La répartition des emplois soutenus par les entreprises de l’Ilec est comparable à celle de la France sous l’aspect des profils sociologiques, de la part de diplômés et de non-diplômés, de l’emploi des jeunes et des seniors.
Les emplois soutenus par les entreprises de l’Ilec sont très majoritairement stables, avec 81,4 % de CDI et 85,2 % à temps complet, des proportions proches de ce qu’elles sont globalement en France (83,4 % en CDI, 81,2 % à temps complet). Les emplois directs des entreprises de l’Ilec sont encore plus stables, avec 86,2 % de CDI et 89,6 % de temps complets.
Divers, ces 412 000 emplois soutenus se répartissent entre : ouvriers, 22,6 % (19,8 % en France) ; agriculteurs exploitants et ouvriers agricoles, 12,9 % (2,9 % en France) ; cadres, 11,1 % (19,8 % en France) ; ou encore professions intermédiaires d’entreprise, de l’enseignement ou de la fonction publique, techniciens, employés administratifs d’entreprise…
Les fonctions de production, qui comptent pour 35,3 % de leurs emplois directs, représentent encore près d’un tiers des emplois soutenus par les entreprises de l’Ilec (31,4 %), une fois inclus les emplois indirects et induits, alors qu’elles ne représentent qu’un cinquième de l’emploi global en France (20,3 %). Les autres fonctions « soutenues » sont d’abord administratives, 14,2 % (15 % en France), et commerciales, 12,8 % (10,8 % en France), devant la recherche-développement, la logistique, le soin à la personne ou l’enseignement.
Les trois quarts des 299 000 emplois indirects et induits (fournisseurs, administrations et services) concernent des établissements de moins de cinquante salariés.
Une large distribution territoriale des établissements et des emplois
Les 73 adhérents de l’Ilec représentent 995 sites sur le territoire français, dont 317 en Île-de-France, 92 en Auvergne-Rhône-Alpes et 85 en Bretagne. Les départements d’outre-mer en comptent 17. Seuls sept départements n’accueillent pas de site d’une entreprise de l’Ilec. S’il y a, dans la répartition des emplois, prédominance de l’Île-de-France (42 708) et du Nord-Est (11 692 dans le Nord-Pas-de-Calais et 11 269 en région Champagne-Ardenne-Alsace-Lorraine), la présence d’établissements sur la majeure partie du territoire y assure des emplois. C’est dans les départements des Hauts-de-Seine, de la Charente, du Lot, de la Vendée, des Vosges, de la Marne, de la Somme, de l’Aisne, de la Vendée et du Gard que la part des emplois directs dans la population active est la plus importante (carte « Part relative… » ci-dessus). Un apport particulièrement précieux à des départements comme l’Aisne ou le Gard, qui font partie des départements de métropole où le taux de chômage est le plus élevé.
Retombées dans tous les secteurs
Les 73 entreprises de l’Ilec représentent en 2015 une production directe de 39 milliards d’euros, celle de leurs fournisseurs de 26 milliards, auxquels s’ajoutent 11 milliards générés par la consommation des ménages et par les dépenses des administrations publiques, soit un CA total de 76 milliards d’euros, avec un effet d’entraînement (coefficient multiplicateur) de 1,95.
Cet ensemble se répartit en 35 secteurs d’activité et 378 « sous-secteurs » (nomenclature Wiod de l’UE) parmi les 380 représentés en France. L’alimentation-restauration (50,6 % du CA total), le commerce (9,5 %) et la chimie (6,8 %) sont les plus grands secteurs affectés par les activités de l’Ilec, devant le transport (2,9 %), l’éducation et la santé (3,8 %) ou le BTP (2,1 %). La production générée par les entreprises de l’Ilec représente plus de 13 % du secteur français de l’alimentation et de la restauration. Leur part est de 3 % des activités du papier-bois ou de la chimie, et de 2 % de la santé, de l’éducation ou du social.
1,23 % du PIB
En termes de valeur ajoutée, l’effet d’entraînement s’analyse ainsi : la valeur ajoutée directe (différence entre la production et les consommations intermédiaires, achats de biens et services) produite chaque année par les adhérents de l’Ilec est de 10,4 milliards d’euros. Par leurs échanges économiques, ces entreprises soutiennent leur chaîne de fournisseurs à hauteur de 10 milliards supplémentaires. Et une fois réinjectée l’activité générée par les rémunérations (consommation des ménages) et la fiscalité (dépenses publiques), la valeur ajoutée totale associable à l’Ilec atteint 27 milliards d’euros, soit 1,23 % du PIB. Autrement dit, la valeur ajoutée de 10,4 milliards créée par les entreprises de l’Ilec génère une valeur ajoutée supplémentaire de 16,5 milliards d’euros dans le reste de l’économie française.
En termes de masse salariale, l’effet d’entraînement de l’Ilec dans le reste de l’économie se mesure aux 17,7 milliards d’euros correspondant aux 412 000 emplois « soutenus » (hors aval distribution), rapportés aux 6,2 milliards d’euros de masse salariale propre aux entreprises de l’Ilec : soit 11,5 milliards d’euros supplémentaires.
Ilec