L’Oréal France, combat contre la précarité
07/11/2021
Avec le manifeste L’Oréal pour le Futur [1], L’Oréal a franchi en novembre 2020 une nouvelle étape dans la prise en compte des enjeux de développement durable et de responsabilité sociétale. « C’est dans le cadre de ce programme que nous avons lancé le Fonds L’Oréal pour les femmes, destiné à celles, en situation de grande vulnérabilité, qui subissent de plein fouet les conséquences sociales et économiques de la crise générée par la Covid-19 », explique Élodie Bernadi-Menu, directrice RSE et développement durable de L’Oréal France [2]. Ce fonds de dotation philanthropique de cinquante millions d’euros soutient des associations de terrain qui luttent contre la précarité et œuvrent pour l’insertion professionnelle et sociale des femmes. Des associations qui apportent des aides d’urgence, en particulier à des femmes réfugiées ou en situation de handicap ; qui luttent contre les violences faites aux femmes en accompagnant les victimes ; qui agissent pour l’éducation… Ce fonds répond aussi à une quête de beauté, qui n’est pas incompatible avec la lutte contre la précarité. « Au-delà des produits de beauté de première nécessité comme les déodorants, poursuit Élodie Bernadi-Menu, les gels douche ou les shampoings, essentiels à l’hygiène quotidienne, certains produits comme le maquillage, les parfums, la coloration… contribuent à forger une certaine estime de soi, à prendre soin de son apparence, à être parfois plus à l’aise dans les relations sociales et à se faire plaisir. »
Au nombre des nombreux engagements de L’Oréal France, celui de l’espace beauté et bien-être créé en partenariat avec Emmaüs et inauguré le 13 septembre dernier dans le Xe arrondissement de Paris. « Des personnes en situation de précarité, explique Élodie Bernadi-Menu, peuvent, sur orientation d’un travailleur social et grâce à un système de bons, obtenir des produits d’hygiène et de cosmétique. Des ateliers de socio-coiffure et de socio-esthétique sont également proposés sur rendez-vous. » L’Oréal apporte un soutien spécifique aux 15-25 ans, soit par l’engagement de la filiale France, soit par l’action de certaines marques du groupe [3]. La filiale France a ainsi donné près de deux cent mille produits d’hygiène et de beauté dans le cadre du Plan de Solidarité Étudiants 2021. Des dons de kits de produits essentiels au bien-être (produits d’hygiène de base, crèmes, mais aussi parfums, etc.) ont été réalisés en s’appuyant sur l’expertise sociale et logistique de son partenaire de longue date, l’Agence du don en nature (ADN). « Un total de quarante mille jeunes et étudiants en situation de précarité ont pu bénéficier de ces dons, via près de cent associations et universités, partout sur le territoire français », précise Anne-Laure Thomas, directrice diversités et inclusion de L’Oréal France.
Formation pour tous
Les femmes ne représentent pas le seul groupe social touché par la précarité. Les jeunes le sont également, notamment les étudiants. Les jeunes issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville ‘(« QPV ») ou de zones rurales ont en particulier deux fois moins d’opportunités d’accéder à un entretien d’embauche. « Notre volonté est de donner les mêmes opportunités à chacun, indépendamment de son milieu socioculturel d’origine. Nous sommes convaincus qu’il est possible d’acquérir des compétences partout, pour tous. C’est notamment pour cela que nous avons adhéré en 2018 au PaQte, en présence d’Emmanuel Macron », confie Anne-Laure Thomas. Le groupe s’engage sur quatre points : sensibiliser les plus jeunes au monde de l’entreprise, en renforçant son offre de stages de troisième à destination des collégiens scolarisés en réseau d’éducation prioritaire renforcé (REP +) ; former en favorisant l’accès à l’alternance ; recruter de manière non-discriminatoire ; et acheter de manière plus responsable et inclusive. « Les jeunes, explique Anne-Laure Thomas, sont nos candidats, mais aussi nos salariés et nos consommateurs. Ils sont donc des parties prenantes extrêmement importantes. Avec “L’Oréal pour la jeunesse”, nous visons à mobiliser ces jeunes pour contribuer à construire une société plus inclusive et ainsi démontrer que les entreprises peuvent faire partie de la solution pour relever les grands défis sociaux auxquels le monde est confronté. » La campagne “#NoFilter”, constituée de six capsules vidéos publiée sur les réseaux sociaux du groupe en début d’année a permis, ajoute-t-elle, « de montrer la diversité de nos collaborateurs et d’attirer tous les talents ».
Le recrutement en chiffre :
1 160 stages pour des jeunes bac + 4 ou 5 ;
1 000 contrats d’apprentissage d’ici 2022 (+ 20 % par rapport à 2020) ;
600 recrutements en CDI ou CDD de jeunes diplômés de moins de trois ans d’expérience.
Maintien des objectifs en 2021 : 15 % des alternances et 10 % des stages pour les QPV.
Afin de développer un ancrage local et de se tenir au plus près des besoins des jeunes, L’Oréal multiplie les partenariats avec des associations telles qu’Atouts Jeunes Universités, Prométhée, Sport dans la ville, Esprit d’ébène ou encore la Ligue des jeunes talents. « Afin de coordonner toutes nos associations, nous organisons plusieurs fois par an des job dating internes ainsi que des événements externes », indique Anne-Laure Thomas. Depuis 2016, L’Oréal sensibilise les élèves de troisième et de seconde au monde de l’entreprise en étant partenaire de l’initiative « Tous en Stage » : « Cette action de sensibilisation prend la forme d’une semaine de découverte des métiers de L’Oréal et permet aux jeunes d’échanger et de poser leurs questions aux équipes. » Durant la crise sanitaire, les stages se sont déclinés en format digital. « Ces stages spécifiques aux élèves de troisième diffèrent des stages et alternances classiques, qui durent entre six mois et deux ans, et relèvent de missions réelles dans nos équipes. » Jeunesse toujours, poursuit Anne-Laure Thomas, quand L’Oréal lance un programme d’envergure mondiale, “L’Oréal for Youth” : « Nous prenons des engagements mondiaux qui vont se concrétiser dans nos filiales, notamment en France. Comme par exemple plus 30 % d’opportunités de travail pour les jeunes de moins de 30 ans, et notamment les étudiants issus de milieux divers et défavorisés, dix-huit mille opportunités de travail d’ici la fin 2021 et vingt-cinq mille chaque année à compter de 2022. »
Santé mentale
La précarité ne concerne pas seulement les questions d’emploi. C’est pour lutter contre la dépression et l’anxiété que la marque Maybelline New York a lancé, en septembre 2019, le programme international “Brave together”. « Dépression et anxiété sont identifiées comme étant les premiers facteurs d’incapacité sur le plan mondial par l’OMS depuis 2017, notamment chez les femmes et les jeunes adultes », précise Anne-Laure Thomas. Ce programme, destiné aux jeunes adultes – collégiens, lycéens, étudiants ou titulaire de leur premier emploi –, continuera à se décliner en France avec l’Unafam [4] durant les cinq prochaines années, afin de pérenniser l’objectif de sensibilisation auprès du grand public et d’étendre les sessions de formation aux jeunes adultes.
« L’Unafam, indique Anne-Laure Thomas, a construit avec nous les messages clés du programme en France et l’outil de formation digital qui doit repérer les signes, choisir les mots et aider à trouver de l’aide. » L’association a également mis en place une ligne d’écoute gratuite et anonyme, et va animer des sessions de formation destinées aux salariés de L’Oréal France, à l’occasion de la Semaine internationale de la santé mentale, en octobre. La précarité peut également toucher les personnes handicapées. « Arpejeh,Tremplin et la Fédé nous permettent d’accompagner et de recruter sur le sujet du handicap. » Durant la crise sanitaire, L’Oréal France a participé à des forums virtuels de recrutement tels que Talents Handicap, et au « DuoDay de l’alternance ».
Bénévolats multiples
Conséquence de la crise sanitaire, dans le bénévolat des salariés, les initiatives se sont multipliées : « Une longue tradition d’engagement citoyen », rappelle Élodie Bernadi-Menu. De fait, chaque année depuis 2010, le “Citizen Day” leur permet de consacrer une journée entière de travail à une association de proximité œuvrant dans le domaine social ou environnemental. Les collaborateurs peuvent s’impliquer dans des domaines aussi variés que la rénovation de locaux associatifs, l’accompagnement de jeunes entrepreneurs sociaux ou la collecte de déchets. « Le 9 septembre dernier, précise Élodie Bernadi-Menu, environ trois mille six cents collaborateurs se sont mobilisés auprès d’une centaine d’associations, qui sont pour la plupart des structures avec lesquelles le groupe collabore tout au long de l’année, au travers de différents programmes. » La crise de la Covid-19 a suscité de nouveaux besoins dans les associations. « En 2020, ajoute Anne Laure Thomas, notre Citizen Day n’a pu se tenir dans sa forme habituelle, mais nous avons proposé, organisé et coordonné entre novembre et décembre une mobilisation des collaborateurs à distance, sous différentes formes : e-volontariat, hackathons solidaires, arrondis sur salaire, mécénat de compétences et campagnes de crowdfunding au profit de nos associations partenaires. »
Une équipe ad hoc, pour faciliter la vie aux associations
La crise a conduit le groupe à professionnaliser sa politique de dons en parallèle à la lutte contre le gaspillage de produits. « Les campagnes de don mises en place durant la crise ont conforté notre idée de l’importance de créer une politique de don organisée et centralisée chez L’Oréal France, afin d’avoir un impact plus important et d’aider de manière efficace le tissu associatif français », indique Élodie Bernadi-Menu. Ainsi, une gouvernance établie au sein de la direction RSE et développement durable centralise désormais les demandes des associations. Elle les redistribue aux différentes divisions selon les besoins exprimés et les disponibilités de produits de chacune des marques du groupe. Dans chaque division, pour éviter le gaspillage, des salariés relais ont une vue des stocks disponibles au don, des dates de péremption des produits, et la main sur la partie logistique. « Nous pilotons parfaitement cette activité, qui devient importante pour l’entreprise, estime Élodie Bernadi-Menu, et nous créons un lien privilégié avec les associations – dont l’Agence du don en nature, partenaire historique –, qui réduit le nombre d’interlocuteurs chez nous. Nous avons donc une équipe concentrée, qui gagne en agilité et en fiabilité. L’information circule parfaitement entre toutes les parties prenantes. »