Vie des marques

General Mills, du bon usage de l’eau

09/06/2023

Promouvoir la régénération des ressources en eau fait partie des dix engagements environnementaux clés de General Mills au niveau mondial. Il se décline dans les usines françaises, avec le maïs comme avec les glaces. Entretien avec Antoine Bille, directeur d’usine Géant Vert, et Nicolas Cayeux, directeur d’usine Häagen-Dazs.

Comment la gestion de l’eau est-elle au cœur de vos priorités environnementales dans votre usine Géant Vert dans les Landes ? Depuis quand la considérez-vous comme une ressource rare à protéger et à économiser ?

Antoine Bille : Depuis de nombreuses années, Géant Vert à fait de la réduction de son impact environnemental une priorité. C’est une démarche inscrite dans l’ADN de la marque. C’est pour cela que nous avons déjà lancé un grand nombre d’initiatives et que nous avons aussi choisi d’accélérer notre démarche ; pour répondre aux enjeux climatiques : nous mettons en place les outils et méthode pour mieux piloter et gérer notre ressource en eau tout au long de notre chaîne de valeur, de la culture du maïs aux champs jusqu’à la mise en boîte.

Nous travaillons en particulier sur deux axes : l’amont agricole et les procédés de fabrication de l’usine. Au niveau des champs, Géant Vert cultive historiquement une partie de ses parcelles sans irrigation. En 2022, 18 % des parcelles n’ont pas été irriguées (irrigation naturelle seulement). Depuis 2020, Géant Vert a lancé un projet majeur en partenariat avec Terranis et Euralis, afin d’accompagner les producteurs de maïs Géant Vert à mieux piloter l’irrigation pour la culture de notre maïs. Le site de Labatut travaille également depuis de nombreuses années à l’optimisation de nos consommations en eau, pour les quatre usages principaux à l’usine : le transport hydraulique du maïs dans l’usine (de la coupe vers le triage), la stérilisation du maïs, les circuits de refroidissement des machines et le nettoyage des installations. Nous avons déjà travaillé à minimiser l’apport d’eau neuve dans les circuits, par exemple grâce à une meilleure efficacité des tours de refroidissement ou par l’amélioration de notre circuit du transport hydraulique du maïs. L’ensemble de nos actions techniques ont permis 13 % d’économies d’eau entre 2020 et 2022.

Gestion optimisée pour tout le maïs en 2025

Comment optimisez-vous vos pratiques d’irrigation du maïs doux : le plan du bon moment, le bon endroit, la bonne dose ? De quels outils disposent vos trois cents agriculteurs partenaires dans Euralis ?

A. B. : L’initiative du projet avec Terranis est fondée sur l’utilisation de l’imagerie satellite pour cibler et limiter l’irrigation, en fonction du stade de développement de la plante et des ressources utiles en eau du sol. Le but est de n’apporter de l’eau que lorsque que cela est nécessaire. Le projet suit plusieurs étapes. Saison 2020 : découverte de la technologie et lancement du pilote sur huit parcelles. L’objectif était de définir si la technique à disposition permettrait de répondre aux enjeux et au besoin de la marque en termes de gestion de l’eau. Saison 2021-2022 : validation de la technologie à échelle industrielle (40 hectares). L’objectif était de valider le bon fonctionnement et le pilotage de l’outil par les producteurs, et de définir nos besoins en matériel et ressources, pour un futur déploiement à grande échelle. Saison 2023 : transition du pilote à l’extension (1 200 hectares, quarante producteurs).

Maintenant que le bon fonctionnement de l’outil est validé, nous avons construit un plan sur trois ans pour déployer cette méthode de gestion de l’eau dans la totalité de nos cultures. Cela représente un plan d’investissement et d’accompagnement d’un million d’euros sur trois ans. La saison 2024 verra un déploiement sur 3 000 hectares (une centaine de producteurs), la saison 2025 sur 7 000 hectares (tous les producteurs Euralis Seretram).

Nous avons jusqu’aujourd’hui avancé en précurseur sur ce sujet, avec nos partenaires Euralis et Terranis, car c’est un axe stratégique fort pour notre marque. Cependant, notre engagement en faveur de la protection de l’environnement va au-delà des initiatives pour Géant Vert, qui souhaite contribuer encore plus à l’effort global en ouvrant cette opportunité à l’ensemble des acteurs agricoles, quels que soient leur entreprise, leur marque ou leur type de production.

Que vous apporte votre partenariat avec Terranis ?

A. B. : L’objectif est d’optimiser l’efficience de l’eau utilisée en réduisant la quantité utilisée pour chaque tonne de maïs produite. Nous visons à terme une réduction de nos consommations d’eau de 10 % sur nos activités agricoles en 2025, ce qui est aligné avec le Plan eau du gouvernement.

Votre station d’épuration parvient-elle à améliorer de manière importante la qualité de l’eau traitée, proche de l’eau du milieu naturel ?

A. B. : En 2018, le site a lancé un de ses plus gros projets des dix dernières années pour moderniser sa station de traitement des eaux usées, afin d’améliorer la qualité des eaux rejetées dans le milieu naturel. Nous avons investi significativement dans un procédé d’aération plus performant et moins énergivore, diminuant de 60 % la consommation énergétique de la station. Aujourd’hui, nous avons une qualité de rejet très proche de l’eau du milieu naturel.

Le QR code figurant sur vos boîtes de conserve informe-t-il vos consommateurs sur vos pratiques environnementales ? Que vous apporte votre partenariat avec Connecting Food ?

A. B. : Ce n’est pas le cas, mais les contenus disponibles sont évolutifs. Avec Connecting Food, nous avons mis en place ce système principalement pour apporter toujours plus de transparence à l’intention de nos consommateurs, avec un système de traçabilité du maïs Géant Vert de l’origine des épis jusqu’à la mise en boîte, grâce à ce QR code sur les emballages.

Capteurs intelligents de besoin en eau

Quelles initiatives avez-vous engagées pour réduire votre consommation d’eau dans votre usine Häagen-Dazs de Tilloy-lès-Mofflaines, près d’Arras ?

Nicolas Cayeux : Le site d’Häagen-Dazs est engagé depuis de nombreuses années dans la réduction et l’optimisation de ses consommations d’énergie et travaille également sur la gestion de la ressource en eau. Notre nouvelle ligne de production de pots, mise en service en juin 2022, a été conçue avec un objectif de réduction des besoins en eau. Le contexte actuel nous incite à accélérer nos projets, notamment avec la mise en place de capteurs qui nous permettront de consommer exactement ce dont nous avons besoin lors du nettoyage de nos installations de production ; mais aussi pour le traitement et la purification, de façon à réutiliser l’eau, notamment pour le refroidissement de certains équipements industriels.

En quoi consiste cette technique de capteurs et quels sont ses atouts ?

N. C. : Ces capteurs permettent d’analyser la composition des solutions de nettoyage en temps réel et donc d’optimiser les cycles liés à la sécurisation des installations, et d’en réduire la consommation en eau, le nettoyage de nos installations représentant le plus gros poste de consommation d’eau sur le site.

D’où puisez-vous l’eau et à quel niveau de votre production l’eau est-elle indispensable ?

N. C. : L’usine est alimentée par l’eau du réseau de ville, qui est adoucie avant d’être utilisée pour les activités de nettoyage des machines.

Quelles sont vos ambitions chiffrées pour la réduction de la quantité d’eau utilisée ?

N. C. : Notre objectif est de réduire de 30 % notre consommation d’eau sur le site d’ici à 2025. À titre d’exemple, notre système de réutilisation des eaux usées nous permettra une réduction de 108 mètres cubes par jour.

Quelles sont vos autres leviers pour réduire son usage ?

N. C. : Au-delà des principales actions menées sur nos procédés de nettoyage, nous avons deux autres leviers, technologiques : l’amélioration de la performance des équipements industriels, pour être plus économes ; et l’exploitation « 4.0 » de la donnée, qui permet des suivis précis en temps réel de chaque poste de consommation du site, et ainsi d’identifier les actions d’optimisation.

Recyclez-vous tout ou partie de vos eaux usées et pour quel nouvel usage ?

N. C. : Notre projet de réutilisation des eaux usées pour refroidir nos machines est en phase de mise en service et de montée en performance.

Partenariat agricole pilote dans les Hauts-de-France

Accompagnez-vous vos partenaires éleveurs, fournisseurs de lait pour vos glaces et les 450 fermes autour de l’usine, pour réduire leur consommation d’eau ?

N. C. : L’approche de General Mills dans la gestion de l’eau est aussi liée à son engagement de faire progresser les principes d’agriculture régénératrice sur 400 000 hectares de terres agricoles dans le monde en 2030. Les principes de l’agriculture régénératrice peuvent maximiser la résilience de l’eau et améliorer sa qualité dans les écosystèmes.

Fin 2021, General Mills et la coopérative Prospérité fermière Ingredia, qui fournit le lait utilisé dans nos crèmes glacées Häagen-Dazs, ont signé un partenariat de cinq ans visant à soutenir la transition vers des principes d’agriculture régénératrice pour la production laitière dans les Hauts-de France. Ces principes visent par exemple à limiter la perturbation du sol et de l’écosystème en réduisant l’utilisation des produits phytosanitaires ou du labour, à multiplier la diversité des semences, à favoriser la diversité de la faune, à maintenir une couverture des sols, à les fertiliser au mieux grâce à un pâturage contrôlé. Ce partenariat prend la forme d’un projet pilote qui engage dix fermes laitières, adhérentes de la Prospérité fermière.

De la même manière que vous avez des ingénieurs en énergie, en avez-vous pour l’eau ?

N. C. : Nos ingénieurs énergie couvrent les trois domaines : eau, gaz et électricité. Pour soutenir la démarche environnementale de l’usine Géant Vert, nous recrutons actuellement un ingénieur eaux et énergies directement rattaché à l’usine.

Associez-vous vos salariés pour non seulement contrôler mais aussi apporter des suggestions ?

N. C. : Nous les sensibilisons à la réduction de l’usage de l’eau, par exemple lors du nettoyage des sols des usines, tout en conservant la même exigence de propreté, indispensable à la sécurité alimentaire. L’ensemble du personnel sera impliqué dans la réalisation de notre bilan carbone au travers d’un questionnaire, et un groupe de travail environnement sera mis en place cet été.

Travaillez-vous au niveau local avec les agences de l’eau et autres institutions  sur la problématique de l’eau : ressource, gestion, optimisation, pollution, réemploi, protection… ? Si oui, lesquelles ?

A. B. : General Mills travaille régulièrement avec l’ensemble des autorités locales dans le suivi et la mise en place de ses plans d’action (préfecture, Région, communauté urbaine, Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, agence de l’eau…)

Le président de la République a annoncé des plans de sobriété pour l’eau dans chaque secteur d’activité, dès cet été. Quelles mesures envisagez-vous en ce sens que vous n’auriez pas encore adoptées ?

A. B. : Nos sites souhaitent développer de nouveaux projets liés à la réutilisation des eaux usées, qui représenterait un potentiel de baisse de prélèvement de la ressource significatif. Nous espérons que ces projets seront facilités par les évolutions réglementaires à venir dans le cadre du Plan eau.

Propos recueillis par Jean Watin-Augouard

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