Vie des marques

Mowi, le saumon responsable

17/06/2024

Le leader norvégien du saumon possède deux usines en France et défend une aquaculture durable, dans l’intégralité de sa chaîne de production, de l’œuf à l’assiette.

En 2030, la population mondiale pourrait nécessiter de 30 millions de tonnes de produits aquatiques supplémentaires ; 70 % de la surface de la terre sont recouverts d’eau, mais les protéines issues de la mer ne représentent que 2 % de notre alimentation actuelle. L’aquaculture dispose donc d’un fort potentiel. « Éleveur de saumon depuis 1964 » ; le groupe norvégien Marine Harvest a repris son nom initial, Mowi¹, en 2018. Ses produits sont commercialisée dans vingt-sept pays et il revendique la première place mondiale du saumon d’élevage.

Un numéro un qui emploie treize mille salariés dans soixante-dix pays, et dispose en France de deux usines. L’une a été ouverte à Landivisiau, dans le Finistère, après l’acquisition de Kritsen. Elle est consacrée au saumon fumé, avec une production de 2 800 tonnes  par an. L’autre construite à Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, et spécialisée dans le saumon frais (13 000 tonnes)². Si l’activité de Mowi France est majoritairement tournée vers le commerce inter-entreprises (marques de distributeurs, restauration…), et que sa marque ne représente encore que 5 % des volumes de ses deux usines, elle propose une large gamme tant fumée que fraîche et son développement, assure Franck Haberzettel, directeur de Mowi en France, est une « volonté majeure ».

Investissements contre la pénibilité

L’élevage du saumon chez Mowi suit plusieurs étapes. La première est celle de l’écloserie : les œufs fécondés sont placés en eau à douce, en dessous de 10°C, pour éclore après soixante-cinq jours. Les saumons sont ensuite nourris d’aliments sans OGM produits par deux usines du groupe, en Norvège et en Écosse. Entre quatre et six semaines, les alevins sont placées dans des bassins d’eau douce pour un an, afin de devenir des saumoneaux prêts à partir en mer, où ils resteront jusqu’à l’âge de deux ans et demi. Ils sont alors récoltés et sélectionnés selon divers critères comme la taille ou la couleur. Ils sont enfin transportés entiers, frais (jamais congelés) vers les ateliers pour être transformés (désarêtage, filetage, etc.).

Si 70 à 80 % des saumons transformés en France proviennent de Norvège, le groupe recourt également à des élevages en Écosse, en Irlande (pour le bio notamment), au Canada ou aux îles Féroé. Si Mowi France s’est focalisé sur le saumon pour optimiser ses outils, il peut être amené à traiter également du saumon sauvage ou d’autres espèces comme l’églefin ou la truite.

Mowi France a investi 2 millions d’euros l’an dernier dans l’automatisation de sa fin de ligne. La robotisation s’est invitée dans les procédés de filetage ou de parage, par souci de modernisation et d’ergonomie pour, selon Franck Haberzettel, « améliorer la santé et le bien-être des personnels, qui font un métier habituellement pénible ».

Contrôler et tracer

Alors que le monde du saumon d’élevage a connu une crise médiatique d’ampleur il y a quelques années, Mowi promeut une aquaculture responsable. « Nos pratiques n’ont jamais été visées par aucune accusation, remarque Franck Haberzettel, car nous avions déjà mis en place des mesures de contrôles drastiques. » À la base de ces pratiques : donner du temps à la croissance du poisson, de l’espace pour qu’il puisse nager – dans les fjords, les bassins doivent respecter un ratio de 97,5 % d’eau pour 2,5 % de saumon –, une nourriture faite maison et nettoyée d’éventuelles traces de polluants dans les aliments marins, une chaîne cent pour cent intégrée qui assure la meilleure la traçabilité, de l’élevage aux outils de transformation. « Nous sommes capables de tracer intégralement tant l’alimentation que la vie du poisson jusqu’au produit fini », souligne Franck Haberzettel.

La réduction des gaz à effet de serre, la limitation du plastique, des emballages recyclables pour la totalité d’entre eux prévue pour 2025, font partie des efforts du groupe pour atteindre un niveau de durabilité aussi ambitieux que cette traçabilité optimale. Coté déchets, Mowi joue la carte de la circularité en valorisant l’intégralité du saumon : « Nous recyclons absolument tout, assure Franck Haberzettel, en ne laissant aucun déchet, depuis les coproduits destinés à l’alimentation animale jusqu’à nos caisses, en polystyrène entièrement retraitées. »

Mowi propose aussi des produits labellisés ASC (Aquaculture Stewardship Council) ou AB (Agriculture biologique). Ces certifications sont parfois critiquées par les représentants de certaines ONG, mais n’en ont pas moins été ont élaborées sur des fondements scientifiques visant à respecter les ressources : « Il y a aura toujours des critiques, estime Franck Haberzettel, nous invitons ces personnes à venir contrôler elles-mêmes nos contrôles et elles verront bien. »

1. De l’un de ses fondateurs, Thor Mowinckel.
2. Avec les produits importés d’autres usines du groupe, Mowi France commercialise au total 4 000 tonnes de saumon fumé (90 M€ de CA) et 19 000 tonnes de saumon frais (280 M€).
3. Mowi a fait de Kristofer Hivjun, qui incarne Tormund, le guerrier à la barbe rousse de Game of Thrones, son ambassadeur.

Benoît Jullien (Icaal)

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