Vie des marques

Terra Delyssa, origine Soleil

11/02/2025

En moins de dix ans, cette huile d’olive tunisienne a pris en France la troisième place de la catégorie. En capitalisant sur les spécificités de son origine et sur l’innovation technique. Elle va ouvrir une usine en France.

Terra Delyssa, arrivée dans dans les linéaires des magasins français en 2013, l’est dans ceux de cinquante-deux pays. Avec ses huiles d’olive, elle est la marque phare du groupe international CHO, basé à Sfax, qui couvre l’intégralité de la production de la culture des oliviers à la mise en bouteille. Ayant pour politique de s’implanter à proximité de ses marchés, CHO a installé une filiale, Medolio, à Lille. Et il s’apprête à mettre en service cette année une usine de conditionnement dans les Hauts-de-France, qui aura vocation à approvisionner toute l’Europe.

Depuis cinq ans, Terra Delyssa figure dans le trio de tête des marques d’huile d’olive en France, et même dans le duo de tête des références bio, grâce à une stratégie de développement résolue. Elle a ainsi été la première dans sa catégorie à intégrer la blockchain, en partenariat avec IBM, puis à se lancer dans le segment « zéro résidu de pesticides ». Plus récemment, elle s’est concentrée sur l’innovations dans l’emballage.

« Nous sommes la seule marque à offrir la traçabilité par la blockchain, se félicite Salima Ben Jamia, directrice marketing et communication, or l’origine est la préoccupation majeure des consommateurs. » Un QR-Code placé sur l’étiquette avant permet d’accéder, par le numéro de lot, à toutes les informations liées à la production de la bouteille : parcelle, jour de cueillette, de trituration (juste après la collecte pour préserver la qualité de l’huile). Le procédé garantit aux consommateurs des données infalsifiables. Les distributeurs ont quant à eux accès à une autre interface, plus poussée, qui leur permet de télécharger les certificats d’analyses.

En outre, la technique permet de connaître les consommateurs, le nombre de leurs clics ou de leurs scans. « Nous recevons bon nombre de messages des consommateurs, soit pour approuver cette possibilité de décryptage, soit pour nous poser des questions, témoigne Salima Ben Jamia, c’est vraiment une plateforme d’échange direct avec le consommateur, beaucoup plus performante que le service consommateur classique que nous avions auparavant. » Ce lancement en 2020-2021 a contribué à l’essor de la marque.

Un segment de marché nouveau

Deuxième étape : le « ZRP » (« zéro résidu de pesticides »). « Nous menions une veille du marché qui nous a permis de repérer cette attente, raconte Salima Ben Jamia, et qui nous a décidés à lancer un produit bon, sain et respectueux de l’environnement mais plus accessible que le biologique. » En collaboration avec des laboratoires et des organismes certificateurs, un cahier des charges a été défini pour garantir une teneur quasiment nulle (c’est-à-dire indétectable par les outils d’analyse les plus précis) en pesticides, appliqué ensuite par les oléiculteurs du groupe, qu’ils soient intégrés ou partenaires, sur leurs 5 000 hectares. Depuis, Terra Delyssa a été suivie par nombre de ses concurrents avec des promesses analogues, au point de créer un segment du marché dont elle reste le numéro un.

Pour le bio, l’olive tunisienne a un atout de poids : « La plupart de nos champs sont naturellement biologiques, car ils profitent du soleil près de trois cent dix jours par an, ce qui rend beaucoup moins nécessaire d’utiliser des intrants », explique Salima Ben Jamia. La Tunisie est le premier exportateur d’huile d’olive biologique du monde. Toutefois, la certification biologique des champs a un coût important, que les agriculteurs tunisiens ne peuvent pas tous assumer. Le ZRP permet de valoriser leur production, naturellement biologique mais non certifiée.

Les cours mondiaux de l’huile d’olive ont fortement monté depuis que la sécheresse a décimé la récolte espagnole en 2022, l’Espagne restant la première productrice mondiale. La Tunisie a maintenu sa production grâce à des variétés spécifiques, adaptées à son climat semi-aride. La tendance des cours est redevenue baissière. Sous l’aspect climatique, Terra Delyssa a moins à craindre du réchauffement, qui, relativement, devrait moins affecter ses cultures. Ce qui ne l’empêche pas de lancer un programme « net zéro carbone » en 2040. La réduction de l’empreinte carbone se fait par compensation, avec des plantations d’oliviers dans les régions désertiques, et par le transport, en implantant les usines au plus près des marchés. Reste que le manque d’eau peut se faire sentir ; des dispositifs sont à l’étude pour limiter le recours à l’irrigation.

Avec l’emballage Terra Delyssa concilie innovation et écologie. En 2024, elle a lancé une écorecharge en sachet Doypac permettant de remplir une bouteille, ou utilisable directement sur la table. Le format est de 75 centilitres, le plus consommé en France. Il permet au consommateur une économie de 10 % par rapport au prix d’une bouteille. Facile à stocker et pratique à l’usage, ce sachet est plus léger, et représente une empreinte carbone réduite de 60 % par rapport à la bouteille en verre. Il s’est hissé en sixième position des ventes de la marque en France en moins de six mois. Terra Delyssa avait déjà développé un format en PET avec un bouchon doseur, également plus économique et pratique, mais le verre reste le conditionnement phare pour l’huile d’olive. Des projets de consigne pourraient être à l’étude, après la mise en service de l’usine française.

Benoît Jullien (Icaal)

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