Éditorial
Parole - Numéro 438
01/10/2013
Depuis 1995 et la création du Centre de médiation et d’arbitrage des chambres de commerce, et spécialement depuis un demi-douzaine d’années, la France s’est ouverte à la médiation entre personnes morales. En 2008, les pouvoirs publics instauraient la Médiation du crédit aux entreprises, en 2010 le Médiateur interentreprises, bientôt suivi du Médiateur des marchés publics, liste non limitative.
Lors d’une rencontre avec les industriels de l’Ilec en juin dernier, le Médiateur, Pierre Pelouzet, recevait un accueil aussi approbateur qu’attentif. Quatre mois plus tard, il étendait sa mission au rôle de référent pour la France dans la mise en œuvre d’un code européen de bonnes pratiques pour les relations verticales, adopté entre les acteurs de l’industrie (comme l’AIM, Association internationale des marques, dont l’Ilec est membre) et de la distribution, sous les auspices de Bruxelles. Convergence de démarches vertueuses.
En parallèle œuvrent d’autres instances, et de façon complémentaire, souligne Sophie Henry pour le CMAP, qui affiche le même souci de promouvoir une économie de confiance, dont André Zylberberg montre qu’elle a, en France, un lourd passif à surmonter. Les managers de demain auront encore de l’ouvrage à cet égard, quels que soient les efforts de ceux d’aujourd’hui ; il fallait, avec Frank Bostyn, le témoignage d’une école pour nous incliner à l’optimisme.
Si en trois ans le Médiateur interentreprises s’est fait une place dans le paysage, il le doit au succès de ses interventions, mais aussi à un volontarisme qu’illustre la labellisation des relations de sous-traitance. Un label pour la confiance, l’idée aurait plongé dans une certaine perplexité le capitaine d’industrie de naguère ou le négociant de jadis. Mais tel semble le génie humain : la chicane prospère sur l’abondance, elle s’invite dans le calcul économique, les organisations s’y adaptent, les hommes s’y exercent. Et il arrive un point où le gain à courte vue ou la frilosité, la pression et la rodomontade, le conflit et la procédure, s’avèrent préjudiciables aux deux parties. Or qui d’entre elles peut dire que ce point est atteint et être crue par l’autre ?
Le partage du constat nécessite un tiers, ou c’est la montée aux extrêmes, dont la science économique ne sait trop mesurer le coût. Mieux vaut donner à la parole une chance de se dégager du discours et de la posture, à la personne de prendre le dessus sur la fonction. Salut donc aux messagers de la médiation.
François Ehrard