Le report promotionnel, comme attendu - Numéro 483
30/08/2019
Quelle est l’évolution des prix de vente aux rayons non alimentaires depuis le début de l’année ? Comparés aux évolutions des prix aux rayons alimentaires, les disparités se sont-elles creusées ?
Gaëlle Le Floch : Oui, les écarts de hausse des prix payés par les consommateurs, entre l’entretien-hygiène-beauté et l’alimentaire s’accentue, les hausses étant plus fortes dans l’alimentaire, surtout dans les liquides.
Qu’observe Worldpanel quant à l’impact de la loi éGAlim sur le comportement des consommateurs ?
G. Le F. : Du côté des consommateurs, cette loi n’a pas d’effet très visible. Notre étude LinkQ menée fin 2018 nous a permis de constater que 63 % des consommateurs interrogés sur la loi éGAlim ne savaient pas de quoi il s’agissait. Mais l’attention des Français reste forte autour du niveau des prix. Ils sont de plus en plus nombreux à déclarer qu’ils trouvent qu’au cours des douze derniers mois les prix ont fortement augmenté : 42 % en moyenne depuis février 2019. Pour autant, ils n’en continuent pas moins à valoriser le contenu de leur panier de courses, à hauteur de 1,5 %, un rythme qui ne faiblit pas. Et qui porte la « contribution » de cette valorisation à 85 % de la hausse du prix moyen payé par les consommateurs – des prix qui ont ainsi augmenté, dans le périmètre PGC-FLS, de 0,52 % en cumul annuel mobile (mesuré en mai dernier).
La première conséquence de la loi éGAlim est une baisse des dépenses sous promotion dans l’alimentaire depuis le début d’année, de 1,5 %. Dans les rayons, le niveau de générosité sur l’alimentaire est en fort repli, de 3,4 points par rapport au premier trimestre 2018 ; le report de la générosité sur le non-alimentaire, auquel on pouvait s’attendre, se confirme : la pression promotionnelle y a déjà progressé de deux points, pour atteindre 44 % au premier trimestre 2019, notamment chez Leclerc et Système U. Il y a superposition des propositions, entre celles, pérennes, liées aux programmes de fidélité, et les opérations ponctuelles, touchant certains rayons ou certains produits. La multiplication des jeux concours, des opérations vignettes, les programmes de fidélité revus et le développement de divers avantages hors promotions peuvent devenir vite incompréhensibles pour les consommateurs – qui souvent ne se rendent compte qu’au moment de passer en caisse qu’ils ont « cagnotté » de façon non préméditée.
Propos recueillis par J. W.-A.Effet ÉGAlim
Ici des ampoules LED vendues à 30 % de leur prix fond de rayon une fois pris en compte le cagnotage sur carte, là des produits « 100 % remboursés en bons d’achat ». Depuis la mise en œuvre du dispositif ÉGAlim d’encadrement promotionnel dans les rayons alimentaires, le 1er février 2019, l’affichage de taux de remise supérieurs à 34 % se déplace vers le non-alimentaire, indique le spécialiste de la « pige » de prospectus publicitaires A3Distrib (groupe Nielsen). Déjà fortement promotionnés en fin d’année 2018, les rayons du DPH ont franchi un nouveau seuil depuis le 1er février, avec + 82 % de promotions dites agressives sur les prospectus des enseignes : 23 % de leurs premières de couverture ont mis en avant des détergents, des couches, des dentifrices, des gels douche ou autres produits d’hygiène depuis cette date, au lieu de 7 % à la même période en 2018, toutes enseignes confondues. Carrefour aura été le contributeur le plus actif de cette tendance, tant par les taux de remise pratiqués que par l’édition de prospectus spéciaux pour le non-alimentaire, portant indifféremment sur les produits connectés, le jardin ou les vêtements.