Deux objectifs qui n’en font qu’un
15/04/2021
La loi impose que les négociations commerciales se terminent le 1er mars. Heureusement, car sans cette « date butoir », elles seraient permanentes !
Le millésime 2021 a rendu son inquiétant verdict : pour la huitième année consécutive, les prix de cession des marques nationales aux enseignes de distribution seront en baisse.
À peine une sur cinq aura été en mesure de faire accepter une hausse légère de son tarif, aucune n’aura été capable de simplement couvrir les hausses de ses coûts, l’écart moyen entre le résultat de la négociation et le besoin des fournisseurs industriels dépassant trois points.
La photo sera pire à la fin de l’année, c’est une certitude, une fois comptabilisées les dérives des accords internationaux et les pénalités logistiques appliquées avec méthode à défaut de discernement tout au long de l’année.
En espérant que la flambée des cours des matières premières et des intrants de toute nature, qui ne se dément pas et qui constitue un motif valable de réouverture des négociations, pourra être répercutée dans les mois à venir.
Pour nos entreprises, la ponction en cumul depuis 2014 est comprise entre 12 et 20 % , l’hémorragie représente plus de 2,5 milliards d’euros.
Il n’est pas question de s’habituer, encore moins de se résigner. Mais il est légitime de se poser la question de savoir quand et par la grâce de quels événements il sera possible de mettre un terme à cette spirale déflationniste.
La loi constitue aujourd’hui encore un des éléments de réponse, même si le plus important reste la nature de la relation, plus ou moins transactionnelle ou collaborative, que les enseignes veulent entretenir avec leurs fournisseurs ; elle a permis de faire reculer certaines pratiques illicites qui polluaient les relations commerciales, mais n’a pas traité l’indispensable question du rééquilibrage d’un rapport des forces dont les bilans des négociations montrent chaque année à quel point il est sans ambiguïté favorable à la distribution.
Pendant de nombreux mois, le député Grégory Besson-Moreau a travaillé à une proposition de loi visant à « rééquilibrer les relations entre la grande distribution et ses fournisseurs » ; le 15 avril, il a présenté un autre texte, dont personne ne nie l’urgence absolue, pour « la protection de la rémunération des agriculteurs ».
Les deux objectifs ne seraient-ils pas inextricablement liés ?