Vie des marques

La Boulangère, préférence bio

08/04/2025

Le fabricant de pains et viennoiseries préemballés ne cesse d’innover dans ses produits et dans l’écoconception de leurs emballages : pour un meilleur profil nutritionnel et la transition écologique. Entretien avec Sébastien Gelsomino, directeur marketing et innovation chez La Boulangère.

Quand est née La Boulangère, avec quelle ambition singulière ?

Sébastien Gelsomino : L’aventure a commencé en 1976 en Vendée : Jean Fillon a repris la boulangerie familiale des Herbiers, entre La Roche-sur-Yon et Cholet, avec l’ambition de maintenir la qualité artisanale des produits, pains et brioches, avec des ingrédients sélectionnés. Le dépôt de la marque date de 1985, quand avec son épouse Marie-Denise il développe la boulangerie, qui d’atelier devient usine pour répondre à la demande. Il crée des gammes de brioches et viennoiseries préemballés, avec toujours le choix d’ingrédients locaux de qualité. En 2001, une nouvelle activité est lancée : le pain. La Boulangère, avec 2 300 salariés, est aujourd’hui numéro trois de la boulangerie-viennoiserie préemballée et numéro un du bio dans ces catégories en grandes surfaces en France. Elle possède sept sites de fabrication, dont quatre en Vendée¹.

Dans quel domaine s’est-elle montrée pionnière ?

S. G : Dans le domaine de la nutrition et de la santé. En 2001, La Boulangère s’est fixée un cap : produire bio. Elle a lancé en France les premiers pains de mie biologiques, complet et nature, préemballés dans les grandes surfaces alimentaires généralistes. Le décollage des ventes s’est fait attendre. Mais à force de persévérance, d’innovations, le bio a gagné du terrain, et au printemps 2020 les ventes de pains et viennoiseries de La Boulangère Bio ont atteint un pic historique. Après le succès du pain en bio, une gamme de viennoiserie bio a été proposée en 2009 : pains au chocolat et brioches tranchées. La part de marché de La Boulangère dans le bio pour ses catégories est de 70 % en France.

En 2005 a été lancée la gamme Toastiligne, avec le premier pain de mie préemballé sans aucun sucre ajouté et sans matières grasses (40 % de matières grasses en moins que la moyenne des pains de mie de marque nationale). Depuis 2021 est disponible le premier pain au lait sans sucre ajouté, et depuis cette année la première brioche tranchée également sans sucre ajouté.

Nous avons également été pionniers avec la gamme céréalière, riches en fibres et Nutriscore A avec les pains de mie seigle et graines, avoine et graines, maïs et Innovation toujours, nous proposons depuis 2005 la gamme « Pain du monde » avec le pain suédois, gamme qui s’est étoffée depuis avec les wraps, bruschetta, panini, pita… Fort de leur succès, nous renforçons cette gamme avec le lancement cette année d’une pinsa.

Contrats tripartites pour le blé et les œufs

Exportez-vous vos produits ?

S. G. : La Boulangère exporte depuis 1994 dans plus de trente pays : Royaume-Uni, Espagne, Belgique, Moyen-Orient, Afrique, États-Unis, Asie. Nous exportons le savoir-faire français à travers nos viennoiseries, pains au chocolat et brioches, des catégories encore peu connues dans certaines de ces régions.

Quelle est votre politique de filière en matière d’approvisionnement ?

S. G. : L’engagement social est aussi au cœur de nos recettes. La Boulangère est pionnière en matière de commerce équitable français. Depuis 2012, elle signe des contrats durables pour sa farine de blé conventionnelle destinée à sa viennoiserie. Ces contrats tripartites entre la coopérative agricole, les meuniers et La Boulangère définissent un prix d’achat fixe et rémunérateur pour une durée de trois ans. Ces contrats ont donné naissance au premier label de commerce équitable français : Agri-Éthique. Il vise à garantir des relations transparentes et équitables entre les agriculteurs, les coopératives et les industries agroalimentaires, en favorisant une rémunération juste, des prix fixes, en s’engageant sur des volumes, des contrats à long terme, et en soutenant l’économie locale par un approvisionnement local. 

Depuis 2018, La Boulangère contractualise de la même manière les œufs. Depuis 2019, nous utilisons de la farine de blé et des œufs labellisés Agri-Éthique France (AEF) pour confectionner tous les produits La Boulangère et La Boulangère Bio. Depuis avril 2024, La Boulangère intègre dans ses recettes bio un beurre équitable et labellisé par Agri-Éthique. Aujourd’hui plus des deux tiers de nos matières premières utilisées dans nos produits sont labellisées Agri-Éthique France.

Avez-vous engagé une démarche agroécologique auprès de vos partenaires agricoles ?

S. G : Nos contrats Agri-Éthique France prévoient le versement d’une somme qui vient alimenter un fonds collectif, piloté par les agriculteurs s’inscrivant dans la démarche AEF. Ils peuvent décider, avec ce fonds, de financer des actions de transition agricole et environnementale, ce qui est souvent le cas pour nos fournisseurs.

Emballage biosourcé at autres actions de réduction du plastique

Comment faites-vous évoluer vos emballages pour qu’ils répondent aux nouvelles attentes environnementales ?

S. G. : Depuis plusieurs années, La Boulangère est engagée ans une démarche d’amélioration pour ses emballages. En 2019, nous avons engagé des actions pour développer des emballages compostables. En 2021, pour sa gamme de goûters bio, La Boulangère a été la première à introduire des suremballages en papier recyclables et compostables, réduisant de 43 % l’utilisation de plastique. Depuis juin 2022, tous les sachets La Boulangère Bio sont fabriqués en polyéthylène (PE), un matériau bénéficiant d’une filière de recyclage opérationnelle en France. En 2023, La Boulangère a remplacé le suremballage plastique de ses pains au chocolat grand format par un étui en carton, réduisant de presque 60 % l’utilisation de plastique.

En 2024, elle a innové de nouveau avec le premier emballage biosourcé compostable du rayon pain préemballé des grandes et moyennes surfaces. Composé à 77 % de matériaux biosourcés, cet emballage est conçu pour être composté à domicile ou dans un composteur collectif, se décomposant en quatre à six mois. Le processus de fabrication de ce bioplastique repose sur la transformation de déchets végétaux en granules dans une bioraffinerie, qui sont ensuite extrudées pour produire des sachets préformés. Cette innovation a été lancée avec le pain de mie bio aux graines de lin et tournesol.

Quels sont vos engagements pour la biodiversité et la protection de l’environnement ?

S. G. : En 2017, La Boulangère Bio adhère au collectif “1 % for the Planet” : elle s’engage à reverser 1 % de son chiffre d’affaires annuel à une vingtaine d’associations² œuvrant à la protection de l’environnement. Nous soutenons des projets d’agriculture responsable, de protection de la biodiversité et de préservation des ressources en eau. Notre entreprise s’engage ainsi sur le plan territorial, puisque la majorité de ces projets sont situés à proximité de nos sites de fabrication et sont soutenus sur plusieurs années. Ainsi, les employés de notre usine Nor’Pain, en Normandie, ont participé à la plantation d’une haie anti-érosion entre deux parcelles agricoles de deux jeunes éleveurs bovins. Cette action contribue à préserver les sols, à améliorer le bien-être animal, favorise la biodiversité, la qualité et l’écoulement des eaux, et renforce nos écosystèmes locaux. Grâce à l’énergie collective des participants, 430 arbres ont été plantés.

Un “atelier” maison pour une politique de recrutement dynamique

Connaissez-vous des problèmes de recrutement ? Quelles sont vos actions en matière de formation professionnelle et d’insertion ?

S. G. : Nous développons de nouveaux outils industriels et sommes donc appelés à recruter. Ainsi à La Chaize-le-Vicomte, notre septième usine construite en 2019, la quatrième en Vendée, de nouveaux projets industriels ont vu le jour pour répondre aux besoins de nos clients dans les prochaines années. Nous recrutons dans les métiers de production : conducteurs de lignes, de machines, opérateurs, techniciens de maintenance.

Depuis 2019, La Boulangère déploie une politique handicap structurée autour d’un plan d’actions commun à l’ensemble de ses sites. En avril 2021, la signature d’une convention nationale avec l’Agefiph³ nous a permis de structurer notre démarche autour de la formation de référents handicap, de la sensibilisation, du maintien en emploi des salariés qu’affecte un événement handicapant, du recrutement et de l’intégration des personnes en situation de handicap. La Boulangère collabore activement avec les Entreprises adaptées (EA) et les Établissements ou Services d’aide par le travail (Esat), par des prestations de sous-traitance. En trois ans, cet engagement a permis le recrutement de quarante-six personnes.

Sur le plan de la formation, nous accompagnons nos salariés tout au long de leur parcours professionnel, et dès leur arrivée afin qu’ils acquièrent des compétences techniques, transversales et managériales. Pour progresser dans un métier ou pour changer de voie, la formation, c’est l’avenir. Forts de cette conviction, nous avons développé depuis 2020 une activité de formation interne (métiers, outils…) autour d’un dispositif appelé « L’Atelier La Boulangère ». Sa mission : accompagner la montée en compétences des salariés en poste, ou former de nouveaux arrivants à nos métiers. Les parcours de formation, conçus en partenariat avec l’Ifria, l’institut de formation de la filières des industries agro-alimentaires, sont proposés dans divers domaines. L’objectif est non seulement de former mais aussi de fidéliser les salariés.

1. Beaune (21), Val-de-Saâne (76), Gretz-Armainvilliers (77), La Chaize-le-Vicomte (85), Les Herbiers (85), Mortagne-sur-Sèvre (85), Sainte-Hermine (85).
2. Graines de Troc favorise la préservation des semences. Artémisia agit pour la biodiversité agricole. Terre de Liens encourage l’installation ou le maintien d’exploitations en agriculture biologique dans la région Pays de la Loire. L’École des semeurs initie des jeunes en décrochage scolaire au maraîchage en agriculture biologique.
3. Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées.

Propos recueillis par Jean Watin-Augouard

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à l'utiliser, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies.