Vie des marques

Nutrition & Santé, le sens de la mission

28/04/2025

Les intuitions qui ont fondé la société Nutrition & Santé sont devenues pour le secteur des références de la transition agroalimentaire. Avec une politique R&D ambitieuse, elle les déploie dans toute son activité.

Fondée en 1972 à Revel, en Haute-Garonne, Nutrition & Santé rassemble aujourd’hui dix-sept marques et réalise 412 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 1 500 salariés, sur huit sites français et deux sites espagnols. L’activité se répartit en quatre branches : santé et bien-être avec Gerblé, végétal avec Céreal Bio ou Soy (pour les réseaux spécialisés), gestion de poids avec Gerlinéa, et sport avec Isostar. « Notre conviction, assure Luis Uribe, président de N&S, est qu’une alimentation saine et durable ne peut qu’avoir un bon impact sur la santé et la planète. » Détenue par le japonais Otsuka depuis 2009, Nutrition & Santé a les coudées franches pour investir durablement. Outre l’augmentation de son budget communication de 2 millions d’euros, elle va consacrer 12 millions à ses outils industriels, notamment dans la décarbonation.

Devenue entreprise à mission, elle a choisi « d’ancrer (ses) engagements en y mettant des mots dans le temps long », indique Claire Marsal Gueze, directrice RSE et communication. C’est déjà une nécessité interne : « Revel est à une heure de Toulouse, nous devons attirer les talents. » Mais aussi un moyen de nouer des partenariats ou des alliances : « Nous avons construit cette démarche avec cinquante salariés pour définir notre raison d’être, des objectifs et des indicateurs contrôlés par un comité de mission indépendant. »

La raison d’être ? « Les germes d’une bonne nutrition sont présents dans la nature et ont une action bénéfique sur notre santé, souligne Claire Marsal Gueze. Forts de nos savoir-faire, nous sommes responsables collectivement de les rendre disponibles pour tous, dans le respect du vivant. » Pour l’incarner, quatre axes ont été déterminés : nutrition, transition alimentaire, filières agricoles et « collabor’acteurs ». Côté nutrition, cent cinquante recettes ont été retravaillées pour répondre aux nouvelles exigences du Nutri-Score : ainsi, 85 % des produits arboreront la note A, B ou C d’ici à 2026. « Cela représente un surcoût de 2 à 3 %, mais c’est le fondement de la légitimité de nos marques », estime Luis Uribe. Par ailleurs, Nutrition & Santé participe au travail d’élaboration du Planet-Score.

Projets de partenariats nutritionnels multiples

Concernant la transition alimentaire, l’objectif va être d’accompagner les consommateurs vers de nouvelles habitudes : « Il ne s’agit pas, pour Luis Uribe, de leur donner des leçons, mais de contribuer à une alimentation équilibrée, indépendamment de l’achat de nos produits. » Outre ses propres actions (voir entretien ci-après), Nutrition & Santé prépare un partenariat avec un distributeur pour proposer, sur la base du ticket de caisse, des améliorations nutritionnelles du panier. Un autre projet est en cours d’élaboration – nom de code « Cité Nutrition » - avec d’autres industriels. « Ils devront présenter une offre complémentaire de la nôtre et respecter les mêmes valeurs, en termes d’implantation dans leurs territoires et filières », explique Luis Uribe. Là encore, il sera question d’un accompagnement dans l’alimentation quotidienne, peut-être en partenariat également avec des mutuelles. « Nous y réfléchissons depuis longtemps, mais nous ne pourrons pas y parvenir seuls. »

Troisième axe : les filières agricoles. Créées d’abord dans le blé, puis le soja bio du Sud-Ouest, ces filières durables représentent déjà 46 % des approvisionnements. « Notre objectif est d’atteindre 80 % en 2030 », annonce Claire Marsal Gueze. Nutrition & Santé s’est donné une trajectoire SBTi de réduction de 46 % des émissions de ses scopes 1 et 2 et de 28 % de son scope 3 à cette date. Tous les salariés sont embarqués dans cet effort, notamment avec« L’atelier deux tonnes », un jeu où simuler une diminution de l’empreinte carbone, individuelle et collective : cette empreinte est actuellement de 10 tonnes par habitant, l’accord de Paris nécessiterait qu’elle descente à 2 tonnes.

Enfin, l’axe « Collab’acteurs » prévoit de proposer un temps solidaire d’une journée par an, rémunérée, pour mener une action locale, en lien avec la mission de Nutrition & Santé. Par ailleurs, un catalogue de formations propose un temps de « développement autonome » de deux jours par an, non obligatoire, pour permettre aux salariés de continuer à apprendre, sous différents formats : elearning, conférences, visites terrain, benchmarking… Chacun pourra librement explorer des sujets en lien avec son métier, au-delà des compétences standard requises pour son poste.

Questions à Claire Marsal Gueze, directrice RSE et communication

Quelle a été votre méthode pour devenir entreprise à mission ?

Claire Marsal Gueze : Nous avons entrepris une démarche interne participative avec près de cinquante salariés afin de formuler et construire notre raison d’être. L’objectif était de définir nos statuts à travers quatre objectifs stratégiques, déclinés en objectifs opérationnels sur une durée de trois à cinq ans. Après cela, nous avons défini des actions concrètes et des moyens de mesure avec des indicateurs simples et lisibles, afin de donner du sens à notre travail et de susciter de la fierté parmi notre personnel. Nous avons également mis en place une gouvernance participative et indépendante pour décliner et intégrer nos engagements dans le pilotage de l’entreprise et dans le développement de projets structurants. Nous avons établi un comité de mission, indépendant de la direction, composé de neuf membres (cinq externes et quatre internes) pour un mandat de trois ans. Ce comité est chargé de s’assurer de la bonne exécution de nos objectifs et du suivi des progrès accomplis.

Comment êtes-vous parvenus à maintenir l’essentiel de vos recettes à leur niveau avec le nouvel algorithme du Nutri-Score ?

C. M. G : Depuis 2019, Nutrition & Santé utilise le Nutri-Score comme indicateur clé de performance nutritionnelle. Précurseurs dans le domaine, nous avons adopté le Nutri-Score rapidement après sa mise en place. Aujourd’hui, 93 % de nos produits sont notés A, B ou C grâce à l’optimisation de cent dix recettes. Cette reformulation s’est traduite par une diminution de 48 % du sucre dans les biscuits Gerblé et une augmentation de 14 % des protéines en cinq ans pour Céréal Bio. Grâce à une équipe nutrition-R&D de quarante-cinq personnes, Nutrition & Santé améliore continuellement ses produits. Ainsi, 85 % de ceux à marque Gerblé et 95 % de ceux à marques Céréal Bio et Soy afficheront un score A, B ou C, même avec la nouvelle notation, grâce à des efforts continus de reformulation et à des choix rigoureux d’ingrédients.

Comment se décline votre programme d’appui nutritionnel aux consommateurs ?

C. M. G : Nutrition & Santé s’engage à les accompagner vers une meilleure alimentation ; L’évolution des habitudes alimentaires nécessite information et soutien. C’est pourquoi nous mettons en place des solutions pédagogiques et des outils numériques innovants pour aider à des choix plus éclairés. En 2024, nous avons lancé « Gerlinéa et Moi », un programme gratuit en ligne qui aide au maintien d’un poids de forme grâce à des menus personnalisés, un accompagnement nutritionnel et des exercices physiques adaptés. Nutrition & Santé développe également des programmes d’accompagnement nutritionnel scientifiquement conçus sur des thèmes de santé clés. Certains sont mis en place en collaboration avec des enseignes de la grande distribution ou des acteurs de la santé, en s’appuyant notamment sur l’intelligence artificielle.

Quelles sont vos actions en matière d’agroécologie, notamment par votre participation à Pour une agriculture du vivant  (PADV) ?

C. M. G : Précurseur des filières durables depuis plus de trente ans, avec la création de dix filières, Nutrition & Santé va encore plus loin en mettant en œuvre des pratiques agroécologiques avec ses partenaires locaux. L’objectif est de transformer les pratiques agricoles tout en améliorant la qualité nutritionnelle des produits. L’accompagnement des filières locales durables repose sur quatre éléments : mesure des pratiques agroécologiques avec l’Indice de régénération (IR) de l’association PADV ; formations destinées aux agriculteurs pour les aider dans leur transition vers l’agroécologie, mise en place de conventions agroécologiques, des contrats de progrès sur trois ans visant à améliorer les pratiques agricoles ; et primes agroécologiques, attribuées en fonction de l’évolution de leur IR.

Quels sont vos méthodes pour attirer les talents et nourrir votre ancrage territorial ?

C. M. G : Nutrition & Santé est née à Revel en 1972 où elle a toujours un important site industriel et son siège social. Malgré une taille multipliée par quatre en cinquante ans, nous sommes restés ancrés dans ce territoire rural situé à une heure de Toulouse. Avec sept cents salariés sur place, l’entreprise est un acteur clé en termes d’emploi local et un référent régional pour le secteur de l’agroalimentaire, important en Occitanie. Cette constance, associée à nos engagements en matière de nutrition et de transition alimentaire, nous permet d’attirer des talents qui partagent notre vision et nos valeurs, très présentes dans notre quotidien.

Benoît Jullien (Icaal)

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