Centres de tri : écoconçevoir les emballages pour mieux les orienter vers leur filière de recyclage
17/05/2022
Emballage recyclable : un parcours dont chaque étape est indispensable
Quand on dit qu’un emballage est recyclable, c’est qu’il peut être :
- collecté dans un bac de tri,
- orienté dans un centre de tri vers sa filière de recyclage,
- y être recyclé sans perturber le procédé.
C’est le passage de chacune de ces étapes, toutes indispensables, qui permet d’attester de la recyclabilité d’un emballage ou d’un papier.
« On a aujourd’hui beaucoup de connaissances formalisées sur ce qui se passe chez les recycleurs et la compatibilité des composants d’un emballage avec sa filière de recyclage, grâce notamment aux comités techniques tels que le COTREP ou le CEREC. En revanche, l’étape en centre de tri est moins bien documentée, compte tenu de la récente extension des consignes de tri, où tous les emballages peuvent être triés par le consommateur. Cette étape du centre de tri est aussi essentielle pour qu’un emballage soit effectivement considéré comme recyclable ! »
Si un emballage ne passe pas cette étape et ne parvient jamais dans sa filière de recyclage, ou alors en trop faible quantité, il ne sera pas considéré comme recyclable. Et cela, même si tous les composés de l’emballage sont compatibles avec une filière de recyclage. Tout ce processus ne pourra évidemment avoir lieu qu’après le geste de tri des consommateurs.
Quelle est la différence entre un emballage recyclable et recyclé ?
Éclairage avec Valentin Fournel, directeur R&D et services écoconception.
L’écoconception : le levier des marques pour garantir une bonne orientation en centre de tri
Géraldine Gauvin, qui conseille les clients de Citeo pour l’écoconception de leurs emballages, détaille ce travail d’accompagnement. Une réflexion sur la conception des emballages qui doit prendre chaque étape en compte : le tri individuel des consommateurs, le tri industriel en centre de tri, et l’adéquation des emballages avec les filières de recyclage existantes.
« Nous accompagnons nos clients sur les emballages qui ont des éléments associés. Dans un monde idéal, on aimerait bien que certains soient systématiquement séparés par les consommateurs, d’autres non. Pour ne pas décourager le geste en compliquant la consigne, on accompagne plutôt les marques, pour que ces éléments qu’on aimerait séparés le soient mécaniquement, dans le centre de tri. »
Pour ne pas fragiliser ce geste de tri, qui n’est systématique que pour 51 % des Français aujourd’hui, il faut donc agir dès la conception de l’emballage, pour que les éléments puissent être séparés dans le centre de tri.
En pratique, les manchons des bouteilles en plastique
Si aujourd’hui la majorité des bouteilles en plastique PET sont parfaitement recyclables, certains manchons (étiquettes très couvrantes) gênent l’identification des bouteilles en centre de tri, et leur direction vers leur filière de recyclage, les rendant ainsi non recyclables.
Certains manchons sont équipés d’une prédécoupe permettant aux consommateurs de les séparer, mais force est de constater que ce geste n’est pas fait systématiquement. Il est ainsi possible d’agir sur la conception de l’emballage, en mettant en place une prédécoupe qui permettra la séparation automatique los de la collecte ou de l’étape de tri.
L’objectif est dans ce cas que la prédécoupe permette une séparation systématique dans le camion de collecte ou en centre de tri. Des travaux de R&D sont en cours pour avancer sur ces leviers et valider cette piste.
Les principales préconisations pour faciliter le passage en centre de tri sont les mêmes que celles de l’écoconception au global :
- Privilégier le monomatériau,
- Ou a minima une conception qui facilite la séparation systématique et automatique des éléments (et matériaux) s’ils ne sont pas compatibles au tri et au recyclage.
D’autres perturbateurs de tri sont bien connus et doivent être éliminés, comme les colorants sombres à base de noir de carbone pour les emballages en plastique, ou sont à l’étude, comme les effets métallisés sur les emballages en plastique et en carton.
« Ces leviers d’écoconception sont propres à la fin de vie de l’emballage : le premier axe pour écoconçevoir reste bien sûr de questionner les fonctionnalités de l’emballage, de le supprimer s’il n’est pas nécessaire ou de le réduire. »
Un défi collectif
La garantie d’un parcours de tri industriel et de recyclage serait-elle la seule responsabilité des metteurs en marché ? L’experte en écoconception précise l’importance d’une mobilisation de tous les acteurs :
« De plus en plus d’entreprises se posent des questions sur le tri en centre de tri et c’est très bien ! D’autres acteurs en aval se mobilisent pour faire avancer le sujet. Par exemple, nous avons créé un comité, le COCET, qui éclaire le comportement d’emballages types en centre de tri, il est composé d’opérateurs de tri et de fabricants de tri optique. Son objectif sera d’émettre des avis, à l’image des autres comités de matériaux. Nous sommes en train de travailler sur le premier : l’impact des effets métallisés sur la détection optique. Nous étudions aussi d’autres thématiques comme l’impact d’éléments en aluminium sur des emballages fibreux ou en plastique, ou encore l’orientation des emballages en carton associé à d’autres matériaux (lamination plastique, vernis, etc.). D’autres acteurs travaillent à développer de nouvelles technologies de tri industriel, afin d’améliorer toujours plus la qualité des matériaux. C’est le cas du projet Holygrail 2.0 pour améliorer l’identification des emballages et leur orientation vers les bons flux de recyclage. En amont évidemment, les collectivités et Citeo se mobilisent pour systématiser le premier prérequis de ce parcours : le geste de tri ! »