Réemploi des emballages ménagers : où en est-on ?
07/02/2025
Pour la première fois en 2023, la trajectoire du taux de réemploi national des emballages a été suivie. Cette année-là, tous emballages confondus, le taux de réemploi a été de 2,22 %¹. Il y a certes des disparités importantes selon les types d’emballages : le réemploi déjà 7,7 % pour les emballages industriels et commerciaux (EIC) mais il n’est encore que de 1,1 % pour les emballages ménagers.
Disparités sectorielles. Il convient aussi de compléter ces observations par une analyse sectorielle, car les potentiels de développement du réemploi sont propres à chaque secteur en fonction des spécificités des couples produits-emballages². Sur le plan sectoriel, parmi les emballage ménagers, les emballages d’économats (emballages conditionnés sur le lieu de vente : sacs de caisse, barquettes, sachets…) sont les plus gros contributeurs aux emballages réemployés, avec plus de la moitié du total d’emballages réemployés en 2023. Le deuxième secteur contributeur est celui des bières, suivi par celui des sodas, colas et tonics ainsi que les eaux. Le reste des secteurs apporte des contributions minoritaires au taux de réemploi.
Déclaration de réemploi. Ces résultats agrégés sont issus des données qui ont été déclarées par les acteurs à l’Ademe, soit cinq mille déclarations au total. L’Observatoire du réemploi et de la réutilisation (voir encadré) estime que plus de cent mille entreprises sont concernées par la déclaration du réemploi. Cette évaluation a été réalisée d’une part par rapport au nombre d’adhérents des éco-organismes de la REP (responsabilité élargie du producteur) emballages ménagers et à la proportion de déclarations au forfait, d’autre part par rapport aux statistiques de l’Insee sur le nombre d’entreprises en France (hors micro-entreprises), auquel il convient d’ajouter celui des importateurs. Ce faible nombre de déclarations est en partie dû au fait que cette année était la toute première pour la déclaration du réemploi dans toutes les filières d’emballage. La mise en place d’un suivi des emballages réemployables, en particulier les emballages professionnels (EIC non soumis à une REP pour le moment), nécessite un temps d’appropriation et de mise en œuvre conséquent dans les entreprises.
Avantage au verre consigné. Lorsque sont comparés les emballages en verre consigné pour réemploi aux emballages en verre à usage unique, un avantage systématique est observé à partir de la quatrième utilisation des emballages en verre consignés pour réemploi, selon cinq des catégories d’impacts étudiées de manière approfondie. Et cela, quelle que soit la distance moyenne de transport modélisée (recouvrant l’essentiel des distances observées en France) et pour une grande diversité de produits mis en marché. Pour ce qui est des analyses concernant d’autres matériaux, un volet d’une étude ACV viendra apporter des enseignements sur le réemploi des emballages en verre consigné en comparaisons d’emballages à usage unique d’autres matériaux (cannette aluminium, conserve acier, bouteille PET, pot PS, barquette PP…).
L’enjeu du taux de retour. Les freins au développement du réemploi sont multifactoriels, mais le taux de retour est un point clé. En termes de recherche et développement, l’emballage devra être conçu de la meilleure des manières pour supporter un nombre de cycles important. Mais si l’emballage n’est pas retourné en point de collecte, tous les efforts auront été déployés en vain. Pour cela, il faut que le retour des emballages réemployables devienne une pratique qui puisse s’ancrer dans les habitudes des consommateurs de manière durable, alors que cette question ne se pose pas pour les EIC dans les relations inter-entreprises. Pour y parvenir, la communication et la sensibilisation seront cruciales. D’ailleurs, les éco-organismes ont l’obligation de consacrer au moins 0,5 % du montant de leurs contributions à des campagnes d’information et de sensibilisation d’envergure nationale et locale au sujet des solutions de réemploi et réutilisation des emballages ménagers.
Les missions de l’Observatoire du réemploi
- Contribuer à l’émergence d’un vocabulaire commun sur le réemploi-réutilisation.
- Disposer de données de référence et d’analyses utiles à la diffusion de connaissances sur les activités de réemploi et de réutilisation en France, mais aussi au reporting de données auprès de la Commission européenne.
- Aider à la décision, concernant des dispositifs visant à favoriser le réemploi et la réutilisation, ou pour la fixation d’objectifs nationaux visant à augmenter la part des produits ou emballages réutilisés et réemployés mis sur le marché.