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Cop’1, pour partager le pain

03/09/2021

Singularité dans le monde associatif, Co’p1 Solidarités étudiantes aide les étudiants sur tous les plans : alimentaire, hygiène, professionnel. Les marques les accompagnent.

Co’p1, ou une association de « copains » : six étudiants, confrontés à la précarité alimentaire des étudiants et à la carence des dispositifs pour subvenir à leurs besoins. « Nous avons créé Cop’1 dans l’urgence en octobre 2020 pour organiser, chaque semaine, des distributions gratuites d’invendus et de denrées alimentaires, au commencement pour cent cinquante étudiants », raconte Mathilde Garcia, directrice des relations extérieures de l’association : « L’idée est de proposer une initiative par et pour les étudiants, autrement dit une aide par les pairs. Avant même la crise sanitaire, plusieurs étudiants nous avouaient ne pas oser se rendre à des distributions alimentaires, ne se sentant pas légitimes. On demande plus facile de l’aide à quelqu’un qui est proche de soi. Les barrières et le sentiment de honte s’éloignent. » La quasi-totalité des bénévoles de Cop’1 sont étudiants, comme les bénéficiaires, inscrits l’Université ou en grandes écoles. Il leur est seulement demandé une carte étudiante ou un certificat de scolarité.

Des fruits au dentifrice

Devant la croissance de la demande, l’association en est venue à aider aujourd’hui un millier d’étudiants par semaine, et les produits distribués sont également des produits d’hygiène et de première nécessité. « Les produits qui composent le panier sont variés, précise Mathilde Garcia : une base de fruits et légumes, commune à l’ensemble des étudiants bénéficiaires, grâce au soutien de l’ANDES (le potager de Marianne), des plats préparés et des invendus donnés par le Chaînon manquant, les Restaurants du cœur, la Banque alimentaire de Paris et d’Île de France, ou encore des magasins comme Bio c’Bon et Monoprix. »

L’offre alimentaire s’élargit avec un choix entre plusieurs féculents (pâtes, riz, lentilles…), des conserves, des produits pour le petit déjeuner (céréales, confitures, miel, compotes, yaourts, gâteaux), des boissons (jus de fruits, boissons végétales, lait…), du pain, des pâtisseries récupérées dans des boulangeries proches des deux lieux de distribution, Porte de Vanves et Bastille, ou apportées par les Pâtisseries solidaires.

Pour l’hygiène et les produits de première nécessité, Cop’1 distribue des fournitures Covid (masques, gels hydro-alcooliques), du dentifrice, des brosses à dents, des protections périodiques, des gels douche, des shampoings, des préservatifs, des rasoirs données par la Fondation L’Oréal ou des associations comme Règles élémentaires et la Croix Rouge française. « Nous faisons en sorte de proposer des paniers équilibrés, qui permettent aux étudiants de bien manger, mais qui peuvent aussi faire plaisir, ajoute Mathilde Garcia. Plusieurs marques nous accompagnent comme Innocent, Panzani (pâtes), Hema (chocolats), Michel et Augustin (gâteaux), Andros (compotes), Franprix, ou la Fondation L’Oréal. »

Les paniers sont distribués trois fois par semaine, le jeudi dans un local situé Porte de Vanves, prêté par la Mairie du XIVe arrondissement, les vendredi et samedi à la Maison des initiatives étudiantes à Bastille, local prêté par la Mairie de Paris.

Profils précaires divers

Une étude sur le profil et les besoins des bénéficiaires a révélé que les étudiants étrangers, pour la plupart non éligibles aux bourses d’État, représentent 63 % des bénéficiaires, et que seulement 27 % des répondants sont boursiers. « Nous avons eu raison de ne pas mettre en place de critères de ressources dans l’accès aux distributions, explique Mathilde Garcia, puisque nous aurions occulté une grande partie des bénéficiaires. » L’étude fait état d’une majorité de femmes (67 % ), et de beaucoup d’étudiants qui ne vivent plus chez leurs parents. Pour Mathilde Garcia, plusieurs chiffres sont alarmants : « 79 % des bénéficiaires ont sollicité une aide alimentaire pour la première fois à la rentrée universitaire 2020-2021 ; un étudiant sur deux dit ne pas réussir à manger à sa faim de façon répétée ; 57 % ne parviennent pas à subvenir à leurs dépenses de santé et sont donc amenés à faire des choix qu’ils ne devraient pas faire. »

Accompagnement personnalisé

Cop’1 a donc été conduit à élargir son offre à des protections périodiques, du dentifrice… « Cette précarité alimentaire et économique se répercute sur d’autres plans de la vie, notamment sur psychologiques ou dans l’accès à la santé », observe Mathilde Garcia. C’est pourquoi Cop’1 propose un pôle « Accompagnement et suivi personnalisé » où des bénévoles conseillent les étudiants selon leurs besoins financiers, administratifs, psychologiques ou pour l’accès aux droits : « Nous les redirigeons à travers notre pôle professionnalisation vers d’autres acteurs lorsqu’ils rencontrent des difficultés relatives à la rédaction de CV, de lettres de motivation, ou dans la recherche de stages et d’emplois. »

Le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux ont permis de faire rapidement connaître Cop’1 auprès des étudiants. La Cité universitaire, le Crous, les universités et établissements d’enseignement supérieur, la Ville de Paris et les mairies, ainsi que la médiatisation par des reportages au 20 Heures de TF1 ou sur France 3, ont soutenu l’association. La crise perdure. Les distributions ont été maintenues au mois de juillet à la Maison des initiatives étudiantes, et elles reprennent dans le XIVe arrondissement à la rentrée. « La crise, estime Mathilde Garcia, a laissé de nombreuses séquelles sur les plans économiques et psychologiques, beaucoup d’étudiants se sont endettés pendant cette pandémie. Nous continuerons à proposer une aide aussi longtemps qu’il le faudra. »

Jean Watin-Augouard

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