Éditorial
Question d’angle - Numéro 467
25/09/2017
Le choix du périmètre d’un secteur, pas plus que celui des indicateurs permettant de juger de sa rentabilité ne va de soi. À songer à la situation financière d’une industrie comme l’automobile, il ne vient guère à l’esprit d’y dissocier la production de la commercialisation auprès du client final ; il en va autrement en grande consommation où la seconde, dans la plupart des cas, est indépendante de la première et forte du grand nombre de points de vente qu’il faut à celle-ci pour toucher avec ses produits la plus vaste population. La grande consommation passe ainsi pour constituée de deux secteurs, avec d’un côté une industrie de capital, de l’autre une industrie de main-d’œuvre, dont les taux de rentabilité diffèrent structurellement.
L’une et l’autre n’en ont pas moins en commun une « chaîne de valeur », qui polarise aujourd’hui avec les États généraux de l’alimentation toutes les attentions, d’autant que du point de vue des consommateurs, la « grande conso » existe tout uniment, comme la banque ou l’automobile. La façon qu’ont les différents opérateurs d’optimiser leur rentabilité selon la position qu’ils y occupent répond chaque fois à des contraintes singulières et à des options stratégiques.
Côté industriels, le grand nombre d’acteurs couvre toutes les situations, de la moins à la plus rentable, et si les résultats sont si contrastés, la taille, souligne Simon Parienté, ressort comme un facteur largement corrélé à la solidité financière. Un propos étayé de plusieurs indicateurs et d’analyses récurrentes d’une profusion de comptes sociaux.
Côté distribution s’exprime une étonnante diversité de modèles, combinant périmètre d’activité, format des magasins, statut juridique, etc. À comparer la rentabilité de magasins intégrés avec celle d’indépendants, il est tentant d’oublier que les premiers peuvent ne pas être rentables, leurs résultats étant compensés dans les comptes d’un groupe, tandis que les autres sont obligés de l’être, et y parviennent par des voies contrastées : marges gonflées par des recettes immobilières, participations à des activités éloignées de leur cœur de métier qu’est la vente de PGC, tandis que d’autres fondent leur réussite sur la contraction des immobilisations et la rotation des capitaux.
Qui s’en sort le mieux ? Simon Parienté décèle un effet de format favorable aux grands supermarchés et aux petits hypers. Le grand hyper patine, mais telle enseigne qui en exploite en nombre affiche la plus belle santé. Avec à l’esprit le cœur de métier du grand commerce, Cédric Ducroq fait état de sa confiance en la « résilience » de ce format et en la permanence de ses fondamentaux (le prix, le prix et le prix), et Jean-Daniel Pick loue le recentrage de son offre sur l’alimentaire : depuis des lustres qu’est annoncée la fin de l’hyper, il fallait qu’arrive le moment où l’oracle s’étaie, mais le jugement a gagné en prudence.