Bonnes pratiques

Nestlé, des raisons d’en être

26/11/2021

Créée il y a trois ans, la direction « talents et engagement » de Nestlé France a pour mission non seulement de fidéliser les talents, mais aussi de répondre à la quête de sens qui anime de plus en plus de salariés, en leur offrant des opportunités d’agir pour la société.

Les talents ? Capital pour l’entreprise, dans les deux sens du terme : un capital en tant que facteur de production, et capital au sens de fondamental. Il ne s’agit plus depuis longtemps de gérer du « personnel » mais de diriger des « ressources humaines », ressources entendues ici non comme minerai, matière première ou moyen, mais comme potentiel. Depuis peu est apparu dans le management le mot « engagement ». Jusqu’alors, il singularisait les militaires recrutés par l’Armée ; aujourd’hui, il semble accompagner les stratégies des entreprises confrontées à la « guerre » des talents. « Elle nous conduit à être plus que jamais une entreprise engageante, attractive, confie Maylis Danné, directrice talents et engagement chez Nestlé France. La donne a changé dans le rapport entre les candidats et l’entreprise. Ils nous choisissent tout autant que nous les choisissons, et ce retour à l’équilibre nous semble juste. »

« Ils » désigne les jeunes, mais pas seulement. Quel que soit leur âge, les candidats sont devenus attentifs aux politiques de développement durable, de protection de la biodiversité et de l’environnement, mises en œuvre dans les entreprises. Et en écho à ce changement des mentalités la loi Pacte invite depuis 2019 les entreprises à définir leur raison d’être. Mais qu’en est-il de la raison d’y être et d’en être des salariés ?

Pour Maylis Danné, il en va de la légitimité, de la performance et de la pérennité des entreprises : « Au même titre que le consommateur est devenu “consomm’acteur”, le collaborateur devient “collabor’acteur”, exigeant vis-à-vis de son entreprise, des valeurs qu’elle porte, de sa mission et de sa raison d’être. L’évolution la plus marquante ces dernières années concerne la relation du salarié à l’entreprise et son attente quant à sa contribution au bien commun. La nouvelle génération demande à l’entreprise de passer aux actes, d’agir concrètement, dans l’esprit de la loi Pacte. Elle nous adresse une injonction : “Je m’engage dans ta société si toi, entreprise, tu t’engages à faire société”. »

Qu’est-ce que « faire société » sinon créer un collectif de personnes motivées pour agir ensemble et au-delà prendre sa part dans la société ? Une étude menée en début d’année auprès de jeunes diplômés par l’Edhec “NewGen Talent Centre” [1] avec le cabinet BearingPoint montre que 85 % de ces jeunes sont prêts à rejoindre une entreprise pour sa raison d’être, et que 81 % considèrent la raison d’être comme un moteur de leur engagement au travail.

Marque employeur revisitée

Créée il y a trois ans chez Nestlé, la « direction talents et engagement », qui dépend de la direction générale des ressources humaines succède à une direction « attraction et développement des talents ». L’entreprise prend en compte les questions environnementales et sociétales au sommet de la gouvernance, parce qu’elle « ne doit plus être considérée comme une partie du problème, mais comme une partie de la solution avec ses parties prenantes, dont ses salariés », observe Maylis Danné. Trois directions animent et pilotent en étroite collaboration les sujets sociétaux et environnementaux : la « direction talents et engagement », la « direction de la CSV [2] et du développement durable » et la « direction de la communication » (les deux dernières dépendent de la « direction générale de la communication, des affaires publiques et de la CSV »).

« Nous avons changé le nom de la direction “attraction et développement des talents” pour montrer nous cherchons non seulement à attirer et à fidéliser des talents, mais à les motiver à s’engager », précise Maylis Danné. Hier, les salariés étaient soucieux de leur évolution de carrière dans un environnement de travail favorable ; il s’agit de leur offrir en plus la possibilité de prendre part, de s’engager socialement au côté de leur entreprise, pour faire bouger les lignes. Chez Nestlé, les salariés entendent ainsi contribuer à inventer l’alimentation de demain, en conjuguant performance économique et responsabilité sociale. La raison d’être du groupe, « Améliorer la qualité de vie et contribuer à un avenir plus sain », est un motif d’engagement et de singularité fort pour la marque employeur ; elle a récemment évolué avec le slogan « Place à l’action » : « À nos candidats, nous faisons la promesse qu’en rejoignant Nestlé ils pourront mener des actions concrètes, à impacts positifs, pour inventer l’alimentation de demain et améliorer la qualité de vie de tous aujourd’hui ainsi que celle des générations futures. »

Communautés d’engagement

En même tems que de « révéler les talents et les mettre dans les meilleures conditions pour réussir ensemble », la direction talents et engagement a pour mission de « mettre les salariés au cœur de l’entreprise pour la remettre dans le cœur des salariés ». Et pour moyens, des équipes vouées les unes à la marque employeur et au recrutement, les autres à la formation et au développement des compétences, ou encore à la diversité, à l’inclusion et à « l’expérience collaborateur ». « Le mot engagement, du point de vue de l’entreprise, précise Maylis Danné, signifie être déterminé à s’engager pour ses employés pour une durée indéterminée. L’engagement est une affaire de preuves. L’intention est de donner envie aux salariés de contribuer au-delà des seules missions décrites dans leur contrat de travail, par exemple en relevant des défis sociétaux et environnementaux. »

Aussi Nestlé leur offre-t-il la possibilité de s’impliquer à travers diverses « communautés ». Parmi celles-ci, “Nestlé Thinks YOUth” donne depuis 2020 aux jeunes la possibilité de prendre des initiatives concrètes. Elle est composée de deux groupes de treize jeunes: un “shadow comex” intégré au comité exécutif RSE, qui en discute les décisions et fait des propositions alternatives, et un groupe de treize ambassadeurs qui œuvre pour que chaque employé de Nestlé soit totalement informé de ce que fait l’entreprise en matière de RSE et en devienne un ambassadeur à son tour.

Politique de mobilité

Autre communauté, « Nestlé C’est Vous » réunit des salariés qui prennent part au côté de la direction aux sujets de mixité, handicap, orientation sexuelle, origine sociale, etc. La communauté « Je te don[NES] » réunit ceux qui souhaitent donner soit de l’argent par l’arrondi sur salaire, soit du temps et des compétences, par le mentorat ou le coaching, à des associations que Nestlé soutient. Enfin, la communauté « Ingenius », pensée pour développer l’intrapreneuriat, permet aux passionnés d’innovation de participer à des « concours d’idéation » pour de nouveaux produits, de nouveaux processus, de nouveaux services ou de nouvelles activités dans tous les domaines de l’organisation. « Ce type d’initiatives, souligne Maylis Danné, développe des compétences telles que la gestion de projets, la créativité, la capacité à collaborer en équipe, à convaincre… Elle répond à une quête de sens. »

Détecter les talents est une chose, les aider à s’accomplir dans l’entreprise en est une autre. « Nestlé, de par sa taille et la diversité de ses activités, indique Maylis Danné, offre une multitude de métiers, un terrain de jeu idéal pour développer les carrières. Dans notre politique de mobilité, nous pensons avant tout compétences et non pas métier, ce qui permet d’envisager des parcours de carrières diversifiés, étayés par une offre de formations elle aussi multiple. » L’engagement des salariés appelle une nouvelle gouvernance et un management non plus de contrôle et vertical, mais d’impulsion et de confiance, qui doit inciter les salariés à libérer le meilleur d’eux-mêmes. Chez Nestlé, poursuit Maylis Danné, la « culture du feed-back en continu » est un des piliers des pratiques managériales : « Nous formons tous nos managers à adopter une posture de coach pour accompagner et se mettre au service des salariés. »

Des initiatives reconnues

Pour la huitième année d’affilée, Nestlé a obtenu le label HappyTrainees 2022 de ChooseMyCompagny, qui repose sur des avis certifiés par les stagiaires et les alternants : 93,8 % des répondants recommandent Nestlé comme employeur de référence et la note de satisfaction globale est de 4,31 sur 5. Nestlé est aussi cette année en tête du classement du magazine Capital des entreprises préférées des salariés de l’agro-alimentaire. Elle est également entrée dans les dix premiers du classement Epoka x Harris Interactive de l’Étudiant (entreprises préférées des étudiants et jeunes diplômés des écoles de commerce, ingénieurs et universités). En interne, Nestlé réalise une enquête tous les deux ans afin de mesurer l’engagement de ses salariés. Lors de la dernière, en octobre 2020, 87 % des salariés se sont déclarés fiers de travailler pour elle.

Détection des talents et révélation d’engagements peuvent passer par des stages et des contrats d’alternance. D’où le programme “Nestlé Needs YOUth” et l’Alliance For YOUth lancés en 2013, dans un contexte de chômage endémique des jeunes en Europe. Depuis la crise sanitaire, Nestlé a rejoint le collectif « Les entreprises s’engagent » dans le cadre du plan « Un jeune, une solution » et « Un jeune, un mentor » : un engagement à recruter en moyenne 750 stagiaires et alternants tous les ans et 1 600 jeunes en CDI ou CDD à horizon 2025. Avec l’association « Nos quartiers ont du talent », Nestlé propose des actions de mentorat qui donnent l’occasion à des salariés d’accompagner de jeunes diplômés issus de milieux modestes : conseils et réseaux pour décrocher un emploi. Par ailleurs, la palette des métiers liés au développement durable et à la biodiversité s’est élargie chez Nestlé, et représente davantage d’opportunités d’emplois et d’attractivité. « Ces compétences deviennent clés dans tous les métiers de Nestlé, assure Maylis Danné. Les achats sont plus vertueux, de même que la logistique, le marketing, la communication… Notre ambition est de sensibiliser et de former tous les salariés aux défis de la biodiversité et du développement durable. »

[1] « La nouvelle donne de l’engagement des jeunes générations en entreprise », https://careers.edhec.edu/newgen, ou sur BearingPoint.com.
[2] Pour “Creation of Shared Value”, « Création de valeur partagée ».

Jean Watin-Augouard

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