Suntory, combat contre le dragon
18/07/2024
Les prix du jus d’orange ont augmenté, les consommateurs l’ont constaté en magasin, de quelque 11 % en un an, et et le jus concentré de 24 % (source Circana). Mais les pris de gros, eux, ont grimpé de 77 % . Les prix de l’orange ne doivent rien à la guerre en Ukraine, ni à de mystérieux spéculateurs, mais à une raréfaction de l’orange à jus récoltable due à un redoutable « dragon jaune », qui a ajouté ses méfaits aux effets de la sécheresse.
La maladie du « dragon jaune », en chinois Huanglongbing (HLB) est une bactériose des agrumes d’abord apparue en Asie et en Afrique, qui provoque la déformation des fruits, de leur calibre, une qualité organoleptique amoindrie et un rendement plus faible. Le HLB touche les principaux pays producteurs d’oranges à jus, comme les Etats-Unis où la Floride a vu sa production diminuer de plus de 75 % , ou encore du Brésil. Résultat, le cours mondial de la tonne de concentré dépasse 6 000 dollars, au lieu de moins de 2 000 en 2022. Et avec une progression de la maladie hors de contrôle, c’est l’ensemble de la filière au niveau mondial qui est menacée par le dragon.
C’est pourquoi Suntory, acteur majeur de la catégorie des boissons sans alcool, qui détient notamment les marques Orangina, Oasis et Pulco, vient de s’associer au Centre de coopération Internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), organisme français de recherche agronomique tourné vers les régions tropicales et méditerranéennes, l’un des centres de recherche les plus avancés sur les agrumes.
Le but de ce partenariat : expérimenter des innovations variétales issues de la recherche et déjà testées sur les oranges amères, pour permettre aux orangers de mieux tolérer la maladie du HLB et donc prolonger leur durée de vie. Des champs expérimentaux vont être plantés en avril 2025 en Guadeloupe, puis en octobre 2025 au Brésil. L’ambition est également de déployer l’expérience en Espagne, pour vérifier son adaptation aux conditions européennes. Au total, l’opération va être conduite pendant six ans. Pour Raphael Morillon, directeur de recherche au Cirad, ce partenariat est une « opportunité de poursuivre le déploiement de (ses) résultats de recherches sur le terrain » : « C’est à travers l’engagement collectif de tous les acteurs de la filière agrumes que nous pourrons avancer ensemble et trouver des solutions contre le HLB. »
Les boissons du groupe Suntory à base d’oranges commercialisées en France, en Belgique et en Espagne profiteront donc des résultats du projet. Pour Valentine Noury, directrice des affaires extérieures et du développement durable de Suntory Beverage & Food France, ce projet va « aider toute la filière touchée par le HLB, il profite à toutes les communautés et s’inscrit dans le temps long ». Elle y voit une illustration de la « responsabilité » qui incombe à une grande entreprise et que seule une grande entreprise peut assumer : s’engager dans une démarche d’innovation et mettre les moyens pour assurer sa réussite au bénéfice de l’ensemble de son écosystème.
F. E.