Bonnes pratiques

Effet de masse contre effet de serre

28/11/2024

Un milliard de litres de lait vont être d’un même élan engagés dans une démarche de réduction de l’empreinte carbone. Une initiative conjointe du fromager Savencia et de la coopérative de producteurs Agrial.

Pour répondre aux enjeux de la décarbonation de la filière laitière, Savencia et Agrial prennent les devants. Le numéro deux français du fromage (marques Caprice des dieux, St Môret, Tartare, Le Rustique, Elle & Vire…), vient de nouer un partenariat avec la coopérative Agrial (dans les produits laitiers Soignon et Pavé d’Affinois), afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre sans réduire le cheptel. Savencia et Agrial sont l’une et l’autre engagés SBTi (Science-Based Target initiative), s’inscrivant dans une trajectoire de réduction des GES.

C’est lors du Sommet mondial du lait, le 17 octobre dernier, que les deux entreprises se sont engagées sur un projet portant sur un milliard de litres de lait fournis tous les ans par 1 300 coopérateurs Agrial (sur un total de 3 800) à Savencia. Un accord, indique Olivier Delaméa, directeur général de Savencia, qui « s’inscrit dans la continuité du partenariat noué entre Savencia et Agrial depuis plusieurs années ». Et qui vise à un effet de masse, l’heure étant au renforcement de la souveraineté des productions animales, et à conjurer le risque d’une diminution du cheptel ou d’une perte de compétitivité.

Lors d’une première étape les producteurs devront avoir réalisé un bilan carbone et s’être engagés dans la démarche d’ici à 2026. L’évaluation de l’empreinte carbone de l’exploitation de l’associé coopérateur est réalisée grâce à un diagnostic développé par Agrial, permettant de prendre en compte l’ensemble de la productions (bovin lait, céréales, maraîchage…). Sur la partie lait, l’outil est construit en cohérence avec la filière laitière, similaire à « Cap’2ER » (« calcul automatisé des performances environnementales pour des exploitations responsables ») de niveau 1. Chaque associé coopérateur se verra fournir un diagnostic initial afin de déterminer le plan d’action, la mise en œuvre de leviers de progrès, et un diagnostic mesurant les résultats à l’issue de la première période. Le plan d’action se construira en fonction du diagnostic carbone, des spécificités de l’exploitation et des souhaits du producteur. Parmi les leviers activables : l’efficacité du troupeau, son alimentation, la culture pour cette alimentation, la gestion des effluents d’élevage, le stockage du carbone par la plantation de haies…

Biodiversité animale et végétale

« Les éleveurs adhérents d’Agrial ont besoin d’être accompagnés dans la durée pour faire évoluer leurs pratiques. C’est le sens de ce partenariat, liant l’accompagnement financier à une obligation de moyens et à une mesure réelle des résultats », explique Pascal Le Brun, producteur en Normandie, vice-président d’Agrial et président de l’OP Lait de vache d’Agrial. Chaque éleveur bénéficiera d’une « prime climat » jusqu’à 4,5 € les 1 000 litres de lait. Ce montant s’ajoute à d’autres primes (comme les primes qualité). Il se comprend au regard d’un prix moyen de base du lait français de 440 € les 1 000 litres en 2023.

La prime sera fonction du diagnostic carbone et des résultats environnementaux, autour du carbone et de la biodiversité. La démarche encourage la biodiversité animale, avec la sélection de différentes races de vaches, et la biodiversité végétale : diversité des espèces dans l’entretien des prairies pour le pâturages, des céréales pour la production de l’alimentation du troupeau, des essences dans la plantation de haies.

Jean Watin-Augouard

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