Solidarité
CASP, action sociale globale
24/11/2023
Quelle est l’origine et le cœur de métier de votre association ?
Aurélie El Hassak-Marzorati : Le CASP¹ a été créé il y a plus de cent ans. Il œuvre auprès des personnes démunies, hommes, femmes, enfants, qui vivent à la rue. Nous intervenons par nos maraudes, gérons des accueils de jour, des centres d’hébergement d’urgence et des logements. Toutes les personnes en faveur desquelles nous œuvrons peuvent avoir besoin d’un toit, d’une alimentation équilibrée, d’un emploi, d’une formation, d’une bonne santé, de propositions culturelles, de loisirs, de sport et de bien-être. Le spectre est donc très large et notre action se veut globale. Nous devons aller au plus proche des besoins de chaque personne. C’est un travail d’orfèvre.
Comment est-elle organisée ?
A. H.-M. : Notre siège social est dans le XIIe arrondissement de Paris et notre territoire d’intervention couvre l’ensemble l’Île-de-France. C’est grâce à 650 salariés diplômés, travailleurs sociaux, que nous intervenons au quotidien. Au-delà de leurs compétences d’accompagnement, nos équipes sont dotées de qualités humaines et d’empathie. Nous bénéficions également de l’engagement de 330 bénévoles. La précarité ne cessant d’augmenter, depuis trois ans, l’activité de l’association a doublé. Ces bénévoles interviennent, par exemple, dans l’accompagnement administratif, le soutien scolaire, des sorties culturelles, la distribution alimentaire… Nous accompagnons 90 000 personnes dont 6 000 sont hébergées ou logées. Réfugiés, migrants, sortants de prison, notre accueil est inconditionnel. Nous constatons que les enfants sont de plus en plus nombreux, ainsi que les femmes, victimes de violence conjugale ou ayant connu le traumatisme de l’exil.
Quelles sont vos besoins prioritaires ?
A. H.-M. : Nous sommes constamment à la recherche de nouveaux partenaires et soutiens du monde de l’entreprise. Nous bénéficions de financements étatiques avec comme ministère de tutelle celui du Logement, et celui de l’Intérieur pour les demandeurs d’asile. Mais ces financements ne suffisent pas, aussi avons-nous besoin de financements privés sous la forme de dons du grand public, des entreprises, des fondations. Leur générosité peut également s’exprimer par des dons en nature, des produits d’hygiène, beauté, parapharmacie, électroménager, alimentaire…
Nous formons les personnes au « savoir-habiter » et au « savoir-manger ». Plus de mille cent enfants sont accueillis pour lesquels nous avons également besoin de jouets, de fournitures scolaires. Nous cherchons aussi à augmenter le nombre de nos bénévoles, pour des actions ponctuelles ou sur la durée. Nous sommes en train de créer un cercle de lecteurs bénévoles. Nous souhaitons échanger davantage avec d’autres associations sur la solidarité, la précarité, la pauvreté, et aller à la rencontre de salariés d’entreprise pour les sensibiliser à ces enjeux.
Avec quels types d’entreprises travaillez-vous ?
A. H.-M. : Nous travaillons essentiellement avec les grands groupes. Parmi les adhérents de l’Ilec, avec L’Oréal pour les femmes et Mattel pour les enfants. Nous organisons des ateliers de bien-être socio-esthétique qui ont bénéficié à six cents femmes cette année. Nous travaillons également avec l’Agence du don en nature et Dons solidaires, qui nous font bénéficier de produits à moindre coût.
Quels sont vos interlocuteurs au sein des entreprises ?
A. H.-M. : Prioritairement la RSE et les directeurs de fondations.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis des entreprises ?
A. H.-M. : Nos partenariats peuvent être ponctuels, par exemple pour Noël. Nous organisons un grand événement festif avec distribution de jouets pour tous les enfants. Nous avons décidé, cette année, de faire de la famille notre grande cause. Nous sollicitons les entreprises pour proposer des journées solidarité avec leurs salariés, expérimenter de nouvelles actions. Nous sollicitons également les entreprises de l’agro-alimentaire sur la longue durée pour des denrées. Maison du Monde nous soutient pour l’ameublement de nos structures d’hébergement.
L’engagement des salariés de ces entreprises vous semble-t-il utile et que suggéreriez-vous pour faire progresser les politiques de solidarité dans les cultures d’entreprise ?
A. H.-M. : Les entreprises souhaitent de plus en plus être actrices solidaires de la société. Nous entendons donner leur place à ces nouveaux acteurs. Les salariés sont de plus en plus sensibles au rôle social et solidaire de leur entreprise. Cela participe non seulement à leur réputation mais aussi à la satisfaction des salariés, conscients de travailler dans une entreprise engagée. Cela facilite également le recrutement. Nous devons faire se rencontrer deux mondes qui ne se connaissent pas bien, pour faire découvrir les univers de chacun, les enjeux, les défis, les contraintes et les besoins. Organiser une collecte seule ne suffit plus. Il faut bien connaître son usage, son utilité. La solidarité doit être incarnée.
Observez-vous un engagement grandissant des entreprises ?
A. H.-M. : Oui, on constate effectivement un élan de solidarité. Les salariés sont à juste titre exigeants. Ils attendent de leur entreprise engagement, solidarité et responsabilité. C’est fort de ce constat que nous invitons tous les adhérents de l’Ilec à s’investir à nos côtés.