Attractivité
Pays d’expatriation apprécié
18/03/2024
En quoi consiste votre accompagnement en mobilité internationale des personnels et y a-t-il des prestations qui tendraient à différencier la destination France ?
Gordon Zovko : Mercer utilise une méthode visant principalement à pondérer les différentes composantes du coût de la vie entre deux villes. De manière générale, nous accompagnons nos clients afin d’identifier les atouts de leurs propres conditions de mobilité internationale, communément appelées « packages d’expatriation » ; la mise en valeur de ces « packages » ne se limite pas à l’aspect financier, elle doit être analysée au regard de l’ensemble des prestations et de l’accompagnement proposés. En comparaison avec d’autres pays, la France bénéficie d’un environnement social et professionnel offrant un panel de dispositifs dont peuvent bénéficier les salariés en mobilité internationale. Nous constatons qu’au sein d’un même secteur d’activité, le détail des politiques de mobilité et des rémunérations est abordé sous un angle très différent d’une entreprise à une autre. Nous portons une attention vigilante à ces différences d’approche lors des processus de révision des politiques, afin d’ajuster les nouveaux dispositifs avec les spécificités de chaque entreprise.
Percevez-vous parmi les personnels concernés par la mobilité internationale certaines appréhensions comme spécialement associées à la perspective de s’installer en France ?
G. Z. : Toute mobilité internationale entraîne légitimement des appréhensions. Elles sont inhérentes aux changements d’environnement, qu’il s’agisse de l’environnement professionnel, social ou culturel. Les salariés en mobilité internationale bénéficient en général d’un accompagnement spécifique sous ces aspects. Là aussi, Mercer dispose de données relatives à la qualité de la vie, réparties en dix catégories, par exemple l’environnement politique et social, les services publics, mais également les loisirs. En ce qui concerne la France en particulier, certains efforts d’adaptation pour la vie quotidienne peuvent s’avérer nécessaires à Paris et dans certaines grandes agglomérations, notamment pour des expatriés qui viennent d’un environnement plus normé, voire sécurisé. Néanmoins, le sentiment qui prédomine lors d’une installation en France reste majoritairement l’enthousiasme.
À l’inverse, y a-t-il, pour les personnels en mobilité, des questions qui peuvent être complexes à traiter dans certains pays (d’Europe et Amérique du Nord) et qui posent moins de problèmes en France ?
G. Z. : Les politiques que nous construisons avec les entreprises sont destinées à faciliter l’arrivée des salariés et de leurs familles. À titre d’exemple, la France bénéficie d’une relative facilité dans la résiliation des baux locatifs, tandis que d’autres pays peuvent être beaucoup plus contraignants sous cet aspect. Les logements locatifs disponibles y sont également de bonne facture et facilitent l’installation des familles ; le parcours peut être plus lent et moins fluide dans d’autres pays.
Comment se situe la France par rapport à ses voisins européens dans votre approche internationale des écarts de coût de la vie ? ¹
G. Z. : La méthodologie utilisée par Mercer compare le différentiel de coût de la vie pour les expatriés entre deux villes : la ville de départ et la ville d’arrivée. Si nous comparons le coût de la vie pour les expatriés vivant à Paris à celui d’autres capitales européennes, Paris se situe, par ordre de cherté, à la huitième position, derrière Berne, Copenhague, Londres, Vienne, Amsterdam, Prague et Helsinki (classement Mercer publié en juin 2023). Sur le plan du coût de la vie, nous avons également étudié sept autres villes en France métropolitaine (Aix-en-Provence, Ferney-Voltaire, Lille, Lyon, Rouen, Strasbourg et Toulouse) et proposons deux autres points de comparaison, une moyenne française globale ainsi qu’une moyenne spécifique aux villes de taille moyenne. En France, les augmentations de prix ont perduré de façon soutenue en 2023, à la différence de nombreux pays européens, où elles se sont sensiblement stabilisées. Il faut cependant souligner que l’impact sur le coût de la vie se calcule en fonction de la combinaison entre la ville de départ et la ville d’arrivée, plutôt que par rapport à un indice global du pays.
Dans la perception des personnels étrangers que vous accompagnez, la France est-elle surtout faite de Paris et région parisienne² ?
G. Z. : Lorsqu’on mentionne la France, Paris reste incontournable dans l’esprit de chacun. Cependant, de nombreux sièges sociaux ou sites majeurs d’entreprises françaises ne se situent pas en région parisienne. Les salariés des filiales internationales connaissent par conséquent ces implantations et savent précisément où elles se situent en France.
La France « des territoires », rurale et semi-urbaine, celle des villes petites et moyennes, a-t-elle des atouts particulièrement prisés par les entreprises et personnels étrangers ?
G. Z. : Ces villes peuvent en effet mettre en avant de nombreux avantages, tels que le rythme de vie quotidien, le temps de transport, le marché locatif, pour ne citer que ceux-ci. Elles offrent également une proximité plus forte avec le tissu social local, et favorisent de ce fait l’intégration. La question peut néanmoins se poser à l’inverse, à savoir : comment les villes petites et moyennes peuvent-elles développer leur attractivité pour accueillir des familles expatriées ?
Constatez-vous une tendance à préférer Paris et les grandes agglomérations, ou les villes petites ou moyennes ?
G. Z. : Il est fréquent que les salariés expatriés rejoignent le siège des entreprises concernées, ou un de leurs sites majeurs. Ils s’établissent par conséquent à proximité de ce siège, faisant le choix d’un quartier dans les agglomérations ou d’une commune avoisinante pour les villes plus petites…
Selon les secteurs d’activité, constatez-vous des différences notables dans l’appréhension par les personnels en mobilité, des avantages et difficultés d’une installation en France ?
G. Z. : Les appréhension sont communes d’un secteur à l’autre, et elles seront plus ou moins marquées en fonction du pays d’origine des personnels, et des différences qu’ils vont rencontrer en s’installant en France. Au-delà de la dimension culturelle, nous pouvons citer la typologie des logements, le système scolaires ou les loisirs. En règle générale, une expatriation vers la France reste néanmoins principalement vécue comme une opportunité sur le plan personnel et familial.