Innocent, les mains pleines
03/09/2021
Est-ce la première fois qu’Innocent aide les étudiants en situation précaire ? L’initiative vient-elle de votre part ?
Valentine Roques : Nous gérons des produits frais avec des durées de vie limitées, mais il est inconcevable pour nous de jeter ou de détruire des produits invendus. Ainsi 99,99 % de nos produits sont vendus ou donnés. Nous avons toujours privilégié la distribution de nos invendus pour contribuer à l’une de nos vocations : lutter contre la faim dans le monde. Au cours de la dernière année, nos actions de solidarité se sont multipliées, vers les personnels de santé, les personnes qui assurent le transport ou la manutention de nos produits, ou vers les étudiants. Étant moi-même en fin d’études et sensible à cette cause, j’ai pris l’initiative d’établir un partenariat avec Co’p1 Solidarités étudiantes, avec le soutien de mon manager. La spécificité de Co’p1, une association créée par et pour les étudiants, m’a séduite, et je suis entrée en contact avec eux pour leur proposer des produits afin de compléter leurs paniers de denrées alimentaires et produits d’hygiène.
Ce soutien doit-il quelque chose au fait qu’Innocent a été créée en 1999 par trois jeunes diplômés anglais ?
V. R. : Nous sommes les héritiers du travail réalisé par les fondateurs. Ils ont défini cinq valeurs que partage chaque salarié aujourd’hui : être naturel, entrepreneurial, responsable, commercial et généreux. Cela nous a conduits à être comme beaucoup très touchés par les difficultés rencontrées par bon nombre étudiants au cours de la crise sanitaire. C’est tout naturellement que nous avons mis en place ce partenariat avec Co’p1, une initiative parmi d’autres.
Qu’apportez-vous au panier donné aux étudiants comme type de produits, et avez-vous la charge de la logistique ?
V. R. : Innocent fait régulièrement don de produits frais (principalement des jus de fruits et des smoothies) qui sont ensuite distribués aux étudiants dans le besoin. Nous avons en effet la charge de la logistique, et nous livrons directement sur leur lieu de distribution.
Extension au conseil en vue de l’emploi
Est-ce un partenariat ponctuel ou destiné à se prolonger comme celui des « petits bonnets » avec les Petits Frères des pauvres ?
V. R. : La mécanique est très différente de celle que nous avons avec les Petits Frères des Pauvres depuis quinze ans. Eux reçoivent une aide financière, alors que les actions en faveur des étudiants consistent en dons de produits finis et les décisions se prennent au cas par cas, en fonction des stocks disponibles.
Votre soutien peut-il s’étendre à d’autres types d’action comme des conseils à l’embauche, du mentorat ?
V. R. : Tous les salariés ont la possibilité de mener des journées de volontariat, en fonction des choix individuels. Dans ce contexte, nous avons effectivement pour projet d’organiser à la rentrée scolaire des ateliers de professionnalisation ponctuels avec Co’p1. Qui porteront par exemple sur la rédaction de CV, de lettres de motivation ou sur la préparation aux entretiens.
À quoi vous oblige le statut d’entreprise B Corp en termes de contribution positive à la planète qui compléterait l’action de votre fondation créée en 2004 ?
V. R. : Le mouvement B Corp porte à travers le monde des valeurs fortes de changement pour distinguer les entreprises qui réconcilient but lucratif et intérêt collectif. Certifiée B Corp depuis 2018, Innocent est engagée dans cinq domaines : gouvernance, salariés, collectivité, environnement et clients. En parallèle de cette certification, elle verse 10 % de ses profits à sa fondation, un organisme indépendant de bienfaisance régi par son propre comité de direction et ayant pour ambition de lutter structurellement contre la faim dans le monde.
Propos recueillis par Jean Watin-Augouard