Ruinart, champagne vitiforestier
23/06/2022
Labellisée « haute valeur environnementale » et « viticulture durable en Champagne » depuis 2014, la maison Ruinart s’est engagée en 2021 dans un programme inédit de vitiforesterie (branche de l’agroforesterie qui associe la viticulture à des plantations sylvicoles). Avec le soutien de l’entreprise Reforest’Action et de naturalistes, Ruinart souhaite rendre le vignoble plus résistant au changement climatique. Deux chiffres témoignent des effets de la crise climatique. En trente ans, la température moyenne a augmenté de 1,1°C en Champagne. Conséquence sur le cycle de la vigne : le premier jour des vendanges a avancé de novembre à août : six vendanges ont commencé début août depuis 2003, dont trois au cours de cinq dernières années.
L’objectif de Ruinart est double. Premièrement, réintroduire autour et au cœur du vignoble une quinzaine d’espèces comme l’aubépine, le charme, le merisier à grappes, le hêtre vert… : ces espèces apportent une résistance aux maladies cryptogamiques (causées causée par un champignon parasite), comme le mildiou ; les essences de bois locaux ont été privilégiées pour améliorer la biodiversité et offrir des habitats à la faune utile à la culture de la vigne (coccinelles, chrysopes, oiseaux, chauve-souris). Deuxièmement, rétablir des corridors écologiques dans une monoculture de vigne en implantant autour des haies et des arbres, favoriser un micro climat protégé des vents du nord, installer des nichoirs.
Le lieu d’expérimentation est le vignoble de 40 hectares que possède la marque à Taissy, au nord de la forêt de Reims, qui aura reçu en 2023 vingt mille plants, arbres et arbustes ainsi que cinq kilomètres de haies, deux mille mètre carrés d’îlots de biodiversité, quatre hectares de couverts végétaux. Et soixante-quinze nichoirs. Pour l’heure, douze mille arbres ont été plantés. Au-delà de leur impact carbone, les arbres joueront, dans un contexte de multiplication des périodes de gel et de canicule, un rôle tampon et contribueront au développement d’une biodiversité favorable à la vigne : Ruinart s’est fait accompagner par des naturalistes pour répertorier une soixantaine d’espèces animales selon les lieux : haie, prairie, habitat, vignoble, forêt. Les agriculteurs voisins sont associés au projet, dont les enseignements seront partagés avec les autres vignerons du Comité champagne.