Lactel Bio, “du sol au paysage”
03/06/2024
« En rejoignant ce programme, se félicite Fabien Balaguer, directeur de l’Association française d’agroforesterie, les agriculteurs sélectionnés auront droit à un diagnostic de leur exploitation et à un accompagnement individuel et collectif. » Un diagnostic personnalisé qui devra notamment prendre en compte la nature et la fertilité du sol, le cycle de l’eau, la biodiversité et le climat propres à chaque exploitation ; pour parfaire les expertises, cinquante techniciens du réseau Lactel Bio vont recevoir une formation en agroforesterie. Pourront bénéficier du programme les 650 éleveurs participants à la démarche « Bio engagé » du groupe Lactalis. Objectif : la restauration d’arbres et de haies déjà présents dans les exploitations en plus de nouvelles plantations. Lactel Bio a prévu de prendre à sa charge en totalité le conseil individuel et le suivi des projets. Et 60 % de la fourniture des plants et des projets de restauration seront financés par lui. Cette initiative vise à répondre à la disparition des haies et des arbres agricoles en France : depuis 1950, la perte s’élèverait à 70 %, or les haies permettent de stocker du carbone, de contrer la sécheresse, de sauvegarder la biodiversité, et d’amoindrir les risques d’inondation. Pour Lactel, l’ambition est une gestion durable des ressources naturelles « du sol au paysage ».
Dix agriculteurs ont déjà bénéficié du programme « Faire grandir l’agroforesterie » depuis l’automne dernier. Régis Badié, éleveur Lactel « Bio Engagé », s’est investi dans l’agroforesterie en 2019, et en a constaté les effets sur la production et le bien-être de ses animaux : « Lorsqu’elle est exposée aux températures extrêmes ou au vent, une vache consacre plus d’énergie à assurer sa thermorégulation, lui laissant moins d’énergie pour produire du lait ou de la viande. En système agroforestier, les arbres permettent d’amortir ces contraintes. » Dès la première année, il a recensé la présence d’une abondance de vers de terre et de quatorze espèces d’oiseaux. Mais, observe-t-il aussi, la patience est nécessaire : « Il faut compter une quinzaine d’années pour finalement accomplir une transition vers une ferme agroforestière pleinement fonctionnelle. »
Benoît Jullien (Icaal)